Rencontre entre le pape François et le grand ayatollah Ali Sistani, haut religieux chiite de Najaf, au mois de mars prochain, a annoncé, jeudi 28 janvier, le cardinal irakien Louis Raphaël Sako à l’AFP.
Visite du Pape François en Irak: Espoir pour les milliers de chrétiens
Lors de cette «rencontre privée», les deux dignitaires religieux «pourront évoquer une sorte de cadre pour condamner tous ceux qui attaquent la vie», a précisé le cardinal Sako, patriarche de l’Eglise catholique chaldéenne d’Irak. Cette visite est, selon le cardinal, « un réconfort et un espoir » pour les chrétiens d’Irak, qui représentaient 6% de la population en 2003 et sont aujourd’hui moins de 1% des 40 millions d’Irakiens, du fait de vagues d’exil au gré des violences et des conflits.
Les chrétiens victimes de discrimination, crient à l’anarchie
« C’est l’anarchie en Irak, l’Etat officiel est très faible », a-t-il ajouté, plaidant pour protéger la « citoyenneté » des chrétiens qui se disent sans protection face aux différents groupes armés du pays. « La vengeance et le système tribal, c’est le Moyen-Age. S’il y a un différend, il faut faire un procès, pas lancer une vengeance tribale », a-t-il dit au sujet d’un pays gangrené par la corruption et où les armes sont partout.
Depuis l’invasion américaine qui a renversé le président Saddam Hussein en 2003, les chrétiens se disent victimes de discriminations. Les leviers politiques et économiques du nouveau pouvoir ont été répartis entre les chiites, majoritaires en Irak, les sunnites et les Kurdes, majoritairement sunnites. La percée de l’EI de 2014 n’a fait qu’ajouter au calvaire des chrétiens d’Irak, dont beaucoup vivent désormais en exil alors que des milliers de familles sont toujours déplacées, loin de leur foyer.
En février 2019 à Abou Dhabi, le pape François a signé avec Cheikh Ahmed al-Tayeb, le grand imam de l’institution de l’islam sunnite Al-Azhar basée au Caire, un «document sur la fraternité humaine» à Abou Dhabi. Le pape François avait alors été le premier chef de l’Eglise catholique à fouler le sol de la péninsule arabique qui fut le berceau de l’islam.
Le pape François compte rencontrer le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité chiite d’Irak, lors de sa visite prévue début mars dans ce pays. Résidant à Najaf, au sud de Bagdad, le nonagénaire Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, n’apparaît pas en public, reçoit très rarement des visiteurs et délivre ses sermons aux prières hebdomadaires du vendredi par le biais d’un de ses représentants.
L’ayatollah Ali Sistani, le guide religieux en Irak, a reçu, fin septembre 2020, le Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la Mission d’assistance dans le pays.