En Birmanie, Min Aung Hlaing connu sous le sobriquet de « Tatmadaw », est le nouvel homme fort à la tête du coup d’Etat qui a secoué lundi le pays de Aung San Suu Kyi arrêtée par la junte militaire qui a pris le pouvoir.
Min Aung Hlaing: 10 ans à la tête de l’armée en Birmanie
Âgé de 64 ans, le général Min Aung Hlaing est le commandant qui dirige l’armée birmane depuis dix ans. Il disposait déjà de la majorité des pouvoirs au Myanmar avant son coup d’Etat lundi 1er février 2021.
Beaucoup moins connu sur le scène internationale qu’Aung San Suu Kyi, ce général annoncé à la retraite pour le mois de juillet prochain, concentre désormais l’intégralité des pouvoirs entre ses mains depuis le putsch dans un pays qui était sorti il y a 10 ans d’un régime militaire en place pendant presque un demi-siècle.
Min Aung Hlaing suivi sur Facebook par 1,3 millions d’abonnés
“Tatmadaw”, très populaire malgré le traumatisme causé par l’oppression de la junte (son compte Facebook était suivi par plus de 1,3 million de personnes avant d’être supprimé par le réseau social en raison des accusations sur ses agissements contre les Rohingyas en 2018), le général a consacré une grande partie de sa carrière au combat contre les rebelles.
En 2009, il se fait connaître comme « l’étoile montante de l’armée » après avoir réprimé une guérilla dans la région de Kokang, à la frontière est du pays, provoquant l’exode de 37.000 personnes.
Min Aung Hlaing est véritablement l’incarnation de l’apparatchik du système militaire birman. Il a grandi à Rangoun, où il a intégré l’académie militaire à 18 ans après avoir fait un rapide détour de deux ans à la faculté de droit.
En 2008, une nouvelle Constitution a affirmé l’influence et l’autonomie du Tatmadaw, contenant celle du gouvernement civil. Le nouveau texte a cimenté les pouvoirs du « Commandant Suprême pour toutes les forces armées », permettant au général d’organiser son propre agenda, de nommer qui il souhaite et d’avoir le dernier mot pour les affaires militaires. En d’autres termes, il ne répond de personne, selon le Time.
Min Aung Hlaing au Pape François: “Pas de persécution des Rohingyas
Le rôle de Min Aung Hlaing s’est consolidé en 2015, au moment de partager le pouvoir avec Aung San Suu Kyi, figure de l’opposition qui a passé quinze ans en prison.
Quand intervient en 2017 la crise des Rohingyas, les Nations unies et la plupart des pays observateurs condamnent unanimement l’action de l’armée contre la minorité musulmane. Min Aung Hlaing est directement accusé de « nettoyage ethnique », ce qu’il nie, justifiant cette répression comme une « réponse aux attaques extrémistes Bengalis » qui avaient eu lieu en août 2017. La même année, le général rencontre le Pape François, et lui affirme qu’il n’y a pas de persécution dans son pays.
Pour expliquer le coup d’Etat, les militaires ont assuré que les législatives de novembre avaient été entachées d' »énormes irrégularités », ce que la commission électorale dément. Ce scrutin a été massivement remporté par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi au pouvoir depuis les élections de 2015.
Le putsch s’est fait sans effusion de sang, l’armée se contentant de bloquer les artères avec des soldats en armes et des véhicules blindés autour du parlement dans la capitale, Naypyidaw. A Rangoun, la capitale économique, les militaires se sont notamment emparés de l’hôtel de ville et ont fermé l’accès à l’aéroport international, rapportent plusieurs médias.
Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, âgée de 75 ans, a été arrêtée tôt lundi ainsi que le président de la République, Win Myint, et d’autres responsables de son parti. Aucune précision n’a été donnée sur le lieu de leur détention, mais ils se trouvent à Naypyidaw, d’après Myo Nyunt, porte-parole de la LND.