La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est entrée officiellement en vigueur le 1er janvier 2021. Quels impacts a eu et aura ce marché de plus de 1,2 milliard de personnes, pour les commerçants, les entreprises et l’économie du continent? Nos confrères de BBC Afrique ont décrypté la question. Un extrait de leur analyse.
Zone de libre-échange: un marché induisant un PIB combiné de plus de 3 billions de dollars
La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est entrée officiellement en vigueur le 1er janvier 2021. Quels impacts a-t-elle eu et aura ce marché de plus de 1,2 milliard de personnes, pour les commerçants, les entreprises et l’économie du continent? Nos confrères de BBC Afrique ont décrypté la question. Un extrait de leur analyse.
Pourquoi l’Union africaine est-elle si désireuse de créer une zone de libre-échange ?
Essentiellement parce que le commerce entre les pays africains est relativement faible.
Par exemple, le Kenya est un grand exportateur de fleurs, mais le Nigeria en importe des Pays-Bas. De même, l’huile de palme du Kenya provient probablement de Malaisie, plutôt que du Nigeria. L’idée derrière la zone de libre-échange est de voir des fleurs kenyanes dans les rues de Lagos et de l’huile de palme nigériane en vente à Nairobi, rapporte le site d’information.
Sur l’ensemble du continent, seuls 2 % des échanges commerciaux ont été réalisés avec d’autres pays africains au cours de la période 2015-17, contre 47 % en Amérique, 61 % en Asie, 67 % en Europe et 7 % en Océanie, selon l’agence commerciale des Nations unies, la Cnuced. De nombreux pays font encore plus de commerce avec leur ancienne puissance coloniale qu’avec leurs voisins. La théorie est que si les pays africains faisaient plus d’affaires entre eux, ils en tireraient tous profit, en créant plus d’emplois et en améliorant ainsi le niveau de vie sur tout le continent, souligne-t-on.
Le domaine commercial cherche également à résoudre les problèmes liés à l’appartenance multiple et souvent superposée à des blocs commerciaux régionaux, tels que le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), la Cedeao en Afrique de l’Ouest, la Sadc dans le sud et la Communauté de l’Afrique de l’Est.
Que s’est-il passé le 1er janvier ?
À partir de cette date, les 41 pays qui avaient soumis leurs plans de réduction des droits de douane, ou des taxes sur les biens importés, ont pu échanger des marchandises dans le cadre des nouvelles règles. Chaque État ou bloc commercial régional établit ses propres plans et ces informations sont finalement hébergées sur le site web de l’Observatoire du commerce africain (OCA).
Dans le cadre de l’accord commercial, les droits de douane sur 90 % des marchandises seront progressivement supprimés dans un délai de dix ans, et davantage pour les 10 % restants. Cela se fait par étapes et pourrait donc prendre jusqu’en 2035, selon le secrétariat de l’AfCFTA.
Marchandises et commerces
Pour ce qui est des prix des marchandises dans les magasins, aucun changement n’est prévu. Pour qu’ils changent, il faut d’abord que les taxes sur les marchandises importées diminuent. De nombreux pays ont officiellement réduit les taxes et certains produits peuvent donc bénéficier de tarifs réduits, mais cela n’est pas encore effectif, indique-t-on. On pourrait potentiellement observer une grande différence pour les personnes qui essaient d’exporter des marchandises d’un pays africain à un autre, rapporte bbc.
Mabel Simpson est une créatrice de mode à Accra, au Ghana, qui fabrique des articles à partir d’imprimés africains, tels que des sacs pour ordinateurs portables, des sacs à main et des oreillers faits à la main. La plupart des matières premières qu’elle utilise sont importées et, selon elle, les taxes sur celles-ci rendent les produits finaux trop chers pour être vendus ailleurs sur le continent.
Par ailleurs, les pays sont d’abord tenus de publier au journal officiel (ou dans un registre officiel) les modifications spécifiques apportées aux tarifs douaniers, et cette information est publiée sur le site web de l’ATO. Comme ce processus n’est pas encore terminé, les droits ou taxes payés n’ont pratiquement pas changé. En outre, tous les pays qui ont proposé de réduire les taxes à l’importation n’ont pas encore finalisé leurs procédures douanières, telles que les procédures de présentation, d’identification et de dédouanement des marchandises.
ZLECAf, une niche pour les entreprises
Les bénéfices des réformes induites par la ZLECAf permettront aux petites entreprises de trouver des marchés de niche mais peuvent aussi se spécialiser dans le cadre de la chaîne d’approvisionnement de plus grandes entreprises. Mais aussi d’attirer davantage d’investissements nationaux et étrangers, ce qui favorisera la croissance industrielle du continent. L’AfCFTA négocie cette année un protocole sur la politique de concurrence qui vise à créer des conditions équitables pour toutes les entreprises.
L’agence conjointe des Nations unies et de l’Organisation mondiale du commerce, le Centre du commerce international, affirme que la zone de libre-échange pourrait également faciliter l’expansion des petites entreprises.
Certains obstacles subsistent encore, notamment la faiblesse des infrastructures physiques telles que les réseaux routiers et ferroviaires, les systèmes douaniers, les questions de sécurité et les barrières de communication qui peuvent encore poser un problème pour la libre circulation des marchandises au sein du continent, souligne le média.
La ZLCAf une réalité sur le continent
Initialement prévue le 1er juillet 2020, l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine est devenue une réalité le 1er février. Il s’agit bien sûr d’un début de processus qui pourrait durer jusqu’en 2035.
L’accord, signé par 54 des 55 États membres de l’Union africaine (UA) et ratifié par 34 d’entre eux jusqu’à présent, engage les pays à supprimer les droits de douane sur 90 % des produits dans un délai de cinq ans.
La pandémie de Covid-19 a permis de noter la remarquable capacité de résilience du continent, en dépit de l’insuffisance des moyens, du faible niveau d’équipement des structures de santé et des limites dans la gestion du fléau, d’une manière générale. À l’aube de cette nouvelle année 2021, les dirigeants africains doivent œuvrer sans relâche, avec engagement et patriotisme, à la concrétisation des rêves d’unité et d’émergence économique nourris par les pères fondateurs, à la naissance de l’OUA, en 1963 à Addis-Abeba. Voici donc venu le temps de l’Afrique !