Y’aurait-il une bataille de clans au sein du gouvernement ivoirien ? Tout porterait à le croire après les révélations du confrère Africa Intelligence à propos de l’ordre protocolaire institué par le Premier ministre Hamed Bakayoko, chamboulant celui mis en place par son prédécesseur Amadou Gon Coulibaly.
Lutte de positionnement au sein du gouvernement ivoirien ?
Un nouveau gouvernement pourrait être mis en place par le chef de l’État, Alassane Ouattara, à l’issue des élections législatives du 6 mars prochain. Cette pratique, devenue presqu’une coutume à travers le monde, est une habitude régulière en Côte d’Ivoire ces dernières années. Aussi, les citoyens ivoiriens s’attendent à avoir de nouveaux ministres dans le prochain gouvernement ivoirien, avec le remaniement ministériel qui se profile à l’horizon. Même si la composition de ce nouveau gouvernement aura principalement pour base, le RHDP.
Mais en attendant l’effectivité de cette éventualité, Hamed Bakayoko est bien le Premier ministre de Côte d’Ivoire. Assurant l’intérim lors du séjour médical de l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly en France, le ministre de la Défense sera finalement confirmé, fin juillet 2020, à la Primature ivoirienne en qualité de chef de gouvernement.
Le président ivoirien, Alassane Ouattara (79 ans) avait en effet annoncé sa retraite politique, avant de se rétracter après le décès de son dauphin et Premier ministre Amadou Gon. Le leader du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est revenu dans l’arène politique, et a même été réélu à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire lors de la dernière présidentielle. Ses proches et autres camarades du Parti unifié sont toutefois conscients de la succession à venir de leur leader. À cet effet, une lutte de positionnement semble avoir cours entre les membres du Gouvernement ivoirien.
Dans une publication datant du 12 février dernier, Africa Intelligence indique que le Premier ministre Hamed Bakayoko a imprimé sa marque sur le pouvoir exécutif ivoirien. C’est d’ailleurs sur le nouvel ordre protocolaire selon lequel les ministres ivoiriens ont été classés que se trouve le noeud de cette bataille entre différents ministères.
Selon cet ordre hiérarchique, Ally Coulibaly, ministre des Affaires étrangères, est le numéro 2 du gouvernement. Le chef de la diplomatie ivoirienne est suivi par Kandia Camara, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. La 4e personnalité de ce gouvernement est Sansan Kambilé, Garde des sceaux, ministre de la Justice, suivi par Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, porte-parole du RHDP. Le Général Diomandé Vagondo, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, ancien chef d’état-major particulier du Président Ouattara, ne vient qu’en 6e position dans cette hiérarchie.
Poursuivant dans cette nouvelle hiérarchisation des ministres ivoiriens, Africa Intelligence fait remarquer que des personnalités réputées proches du défunt Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, ont été rétrogradées. Aussi, Aka Aouélé, ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, occupe la 7e place, quand Alain-Richard Donwahi, du ministère des Eaux et forêts, vient à la 8e position.
Les ministres Moussa Dosso (Ressources animales et halieutiques), Kaba Nialé (Plan et Développement) et Amadou Koné (Transports) occupent respectivement la 9e,10e et 11e place dans ce gouvernement. Le ministre chargé de l’Économie et des Finances, Adama Coulibaly, ne vient qu’à la 13e place de ce classement. Classement certes symbolique, mais qui est symptomatique de la lutte de positionnement qui a cours dans l’entourage du Président de la République.
N’empêche que pour consolider l’action gouvernementale, le Président ADO a appelé ses proches, lors de la cérémonie d’investiture des candidats du RHDP aux législatives du 6 mars prochain, à privilégier l’union et la solidarité dans leur engagement afin de garantir « une large majorité à l’Assemblée nationale » à leur parti, le RHDP.