Le vice-président du Zimbabwe, Kembo Mohadi, accusé de harcèlement sexuel sur l’une de ses collaboratrices, a annoncé sa démission le lundi 1er mars 2021 tout en réaffirmant son innocence.
« Je suis victime de manipulations d’information et d’espionnage », estime le vice-président du Zimbabwe
Se disant victime de « sabotage politique”, le vétéran de la guerre d’indépendance du Zimbabwe, ancien ministre de l’Intérieur sous Robert Mugabe, M. Kembo Mohadi, l’un des deux vices-présidents du pays, est éclaboussé par un scandale sexuel impliquant plusieurs femmes.
Plusieurs médias locaux ont publié des comptes rendus de conversations au cours desquelles un homme présenté comme Kembo Mohadi harcelait sexuellement plusieurs femmes dont l’une serait une de ses collaboratrices.
«Je démissionne de mes fonctions de vice-président de la république du Zimbabwe avec effet immédiat», a écrit Kembo Mohadi, 71 ans, dans une lettre diffusée sur le compte Twitter du ministère de l’Information. « J’ai besoin de prendre du recul pour faire face à mes difficultés en dehors de mes fonctions », a-t-il souligné, tout en niant toute mauvaise conduite de sa part.
Il s’agit d’un geste de respect à l’égard de la présidence, «afin qu’elle ne soit pas mise en cause ou caricaturée» a-t-il souligné. «Je suis victime de manipulations d’informations, de déformations d’enregistrements, d’espionnage et de sabotage politique», s’est-il défendu. Vétéran de la guerre d’indépendance du Zimbabwe, sieur Mohadi était l’un des deux vice-présidents du pays.
Sexe et corruption, une tendance au Zimbabwe
Pour un travail, des soins médicaux ou une place à l’école pour leurs enfants, plus de la moitié des femmes zimbabwéennes ont dû se soumettre à des relations sexuelles, révèle un rapport de Transparency International obtenu par The Guardian.
La “sextortion”, mot-valise formé à partir de sex et d’extorsion, a été subie par plus de la moitié des femmes du pays. “Plus de 57 % des femmes interrogées par [l’ONG] Transparency International au Zimbabwe ont déclaré avoir été contraintes de se plier à des ‘faveurs sexuelles’ pour obtenir un emploi, des soins médicaux ou pour trouver une place à l’école pour leurs enfants”, relate le quotidien britannique.
Un chiffre record qui pourrait être bien inférieur à la réalité; certaines femmes ne parlant pas par crainte de représailles. Près de 45 % des femmes ont déclaré avoir été sollicitées pour des relations sexuelles en échange d’un service, et 15 % ont reconnu avoir eu des relations sexuelles en échange d’un emploi.”
Le sexe est devenu la première forme de “corruption non monétaire”, révèle ainsi le rapport de l’ONG, qui estime que le harcèlement sexuel est institutionnalisé dans le pays. “C’est devenu une monnaie d’échange.” “Ce qui rend la situation difficile, notamment quand il s’agit de contrats passés avec l’État, c’est la façon dont les femmes sont perçues par les hommes décisionnaires. Elles sont sexualisées et vues comme des partenaires sexuelles plus que comme des entrepreneurs”, révèle encore Transparency International, citée par The Guardian.
Si la corruption, sous toutes ses formes, est institutionnalisée au Zimbabwe, elle s’est encore renforcée avec la crise économique. Toutes les couches de la population sont touchées, mais les femmes les plus pauvres restent les premières victimes de “sextorsion” dans le pays.
Un an après la mort de Robert Mugabe, l’économie zimbabwéenne est toujours exsangue. Les prix des denrées ont été multipliés par neuf, accroissant encore la pauvreté, dans un contexte de pandémie de coronavirus. Face à cette situation, certains en viennent à regretter l’ancien président du pays, Robert Mugabe, décédé il y a plus d’un an.
Vice-président du Zimbabwe