À la suite des premiers résultats des élections législatives en Côte d’Ivoire, le ton est monté d’un cran entre le RHDP, parti au pouvoir, et le PDCI, opposition ivoirienne. L’escalade entre Pr Niamké Koffi du camp Bédié et Adama Bictogo du camp Ouattara augure de ce que chaque parti politique entend tirer la couverture de son côté.
Résultats des Législatives : Adama Bictogo (RHDP) et Niamké Koffi (PDCI) ne se font pas de cadeau
6 mars 2021, les Ivoiriens étaient aux urnes pour désigner leurs représentants à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Tous les partis majeurs du pays ont cette fois-ci participé à ce scrutin législatif, après l’épisode du boycott de l’élection présidentielle. Après sa réélection à un troisième mandat à la Présidence de la République, en octobre, le Président ivoirien Alassane Ouattara entendait également s’offrir une majorité au sein du Parlement ivoirien. Mais l’ancien Président Henri Konan Bédié, Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), était déterminé à arracher le pouvoir législatif à son ancien allié du pouvoir. Même le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo et la plateforme « Ensemble pour la démocratie et la souveraineté » (EDS) qui le soutient, a également décidé d’aller à ces élections après près d’une décennie de boycott.
La Commission électorale indépendante (CEI) a donc convoqué le collège électoral ivoirien aux urnes, samedi dernier, pour l’élection des députés ivoiriens. Dans les différentes communes d’Abidjan, notamment Abobo, Yopougon, Plateau, Koumassi, pour ne citer que celles-là, ainsi que celles de l’intérieur du pays, dont Bouaké, Yamoussoukro, c’était la ferveur des élections. Les premiers résultats qui ont commencé à tomber, dès le dimanche, laissent entrevoir une avance du parti présidentiel, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP unifié). Mais en attendant la proclamation officielle de tous les résultats, c’est la suspicion au sein des partis politiques de la Nation ivoirienne.
C’est d’ailleurs Niamké Koffi, porte-parole du PDCI-RDA, qui donne le ton en lançant cette pique aux tenants de la présidence ivoirienne : « Nous savons que ce pays est en plein dans la gabegie et tout naturellement nous nous attendions à une victoire. Et donc, nous sommes en droit de revendiquer la victoire. Nous mettons en garde le gouvernement contre ses tentatives de manipulations qui faussent la sincérité du scrutin et suscitent des violences contre lesquelles nous avons milité, nous l’opposition. »
La réplique ne s’est pas fait longtemps attendre, car Adama Bictogo, Secrétaire exécutif du parti au pouvoir, est monté au créneau pour lancer à l’égard du parti créé par Félix Houphouët Boigny : « Le PDCI est sa logique du perdant. » Avant d’ajouter : « Comment voulez-vous que l’on puisse parler quand il y a eu des ministres qui ont perdu ? À la vérité, on aurait pu protéger ces ministres. Enfin, soyons sérieux, il faut quand même qu’une fois cela s’arrête et qu’ils acceptent qu’ils ont été battus et qu’ils ne sont pas à la hauteur des attentes des Ivoiriens. »
Face à cette montée d’adrénaline au sein de la classe politique ivoirienne, l’initiative Indigo a exprimé ses inquiétudes à propos des déclarations des acteurs politiques de premier plan. L’ONG, faut-il le rappeler, a déployé 500 personnes dans 1429 bureaux de vote dans le cadre de sa mission d’observation de cette joute électorale. « 190 incidents ont été recensés, allant du vol d’urne aux pannes des tablettes biométriques dans les bureaux de vote », précise RFI.
À noter que Guillaume Soro, ancien Président de l’Assemblée nationale et ancien chef de la rébellion ivoirienne, a appelé ses compagnons de Générations et peuples solidaires (GPS) à boycotter ce scrutin. Quant à son ancien compagnon de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Charles Blé Goudé, président du Cojep, actuellement à La Haye, tous les candidats issus de son parti n’ont pu se faire élire dans leurs circonscriptions électorales respectives. Les Ivoiriens restent donc scotchés aux résultats proclamés par la CEI pour voir quel parti remportera la majorité des sièges au sein de l’Hémicycle ivoirien.