Acquitté définitivement le 31 mars dernier par la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, devrait regagner Abidjan, le 17 juin prochain, selon Dr Assoa Adou, secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI).
Polémique autour du format de l’accueil à réserver à Laurent Gbagbo
L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, définitivement acquitté par la Cour pénale internationale, devrait-il regagner Abidjan dans un accueil populaire ? La question est depuis quelques semaines au centre d’une passe d’arme entre le parti présidentiel, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et la direction du Front populaire ivoirien (FPI).
C’est le 31 mars dernier que la Cour pénale internationale a confirmé l’acquittement prononcé en première instance en faveur de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, les deux Ivoiriens accusés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Une semaine après leur acquittement, le président Alassane Ouattara a donné son feu vert pour le retour en Côte d’Ivoire de son grand rival Laurent Gbagbo et de son ex-ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé, « quand ils le souhaitent ».
Il a également indiqué que des dispositions seront prises pour que Laurent Gbagbo bénéficie, conformément aux textes en vigueur, des avantages et indemnités dus aux anciens présidents de la République », en plus du fait que « ses frais de voyage » et ceux « des membres de sa famille seront pris en charge par l’État de Côte d’Ivoire ». Sauf revirement de dernière minute, l’ancien chef de l’ Etat ivoirien devrait regagner Abidjan, le 17 juin prochain, conformément à l’annonce faite par Dr Assoa Adou, son bras droit. Un retour très attendu par ses partisans qui comptent lui réserver un accueil des plus populaire.
Le RHDP opposé à un retour en fanfare de Laurent Gbagbo
Si le principe du retour au pays de l’ex-président qui continue de jouir d’une côte de popularité, en dépit de ses 10 années passées loin des frontières ivoiriennes, est déjà un acquis, le format de ce retour lui divise profondément la classe politique nationale. Le RHDP du président Ouattara est en effet formellement opposé à un « retour triomphal » de l’époux de Simone Gbagbo. Et son porte-parole Kobenan Kouassi Adjoumani, ne manque pas de l’exprimer clairement. » Il (Laurent Gbagbo) ne devrait en aucun cas enfiler la casquette du héros national, toute chose qui serait synonyme de provocation ou de moquerie au regard des victimes de la crise postélectorale », laisse-t-il entendre dans une déclaration.
Le porte-parole du parti du président Ouattara, rappelle que l’ex-président a été acquitté sur la base de cinq (5) chefs d’accusation sur lesquels la CPI a statués. Le fait qu’il ait été acquitté pour « insuffisance de preuves » ne veut pas dire qu’il n’a rien fait ou qu’il n’a aucune responsabilité dans la grave crise qui a causé la mort de 3 000 personnes. « Dans le cas d’espèce, la sagesse et la responsabilité devraient conduire M. Laurent Gbagbo et ses partisans à mettre de l’eau dans leur vin, car l’essentiel ici, c’est son retour apaisé et sécurisé dans un esprit de recueillement et de pardon », conseille M. Adjoumani, à la direction du FPI.
Le FPI dit « niet » à un retour en catimini de son président
À l’opposé, l’on travaille plutôt à réserver un accueil des plus chaleureux au fondateur du Front populaire ivoirien. La mobilisation sur le terrain a d’ailleurs démarré. Pour l’ex-ministre Justin Koné Katinan et les autres membres de la direction du parti, il est hors de question d’accueillir Laurent Gbagbo dans la discrétion.
« Vous convenez avec nous qu’un tel événement que le monde entier attend, ne peut pas se faire du tout en cachette ou de façon réduite », déclare l’ancien ministre Katinan. » Nous n’allons pas discuter et je ne vois pas comment cela pourrait se faire en dehors du cadre normal d’une manifestation populaire. Pour moi, nous ne voyons pas pourquoi cela pourrait faire l’objet d’une discussion (…) « , a-t-il tranché.
Laurent Gbagbo a été acquitté à l’issue d’un procès qui a connu de nombreux rebondissements. Son retour au pays, après une décennie d’absence, est considéré comme un pas important dans le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.
» Le président Gbagbo revient effectivement en Côte d’Ivoire le 17 juin 2021. En ces moments importants pour l’histoire de notre pays et surtout pour moi qui ai eu l’honneur de lui rendre visite fréquemment pendant ces 10 ans, il convient d’insister sur le fait que le président Gbagbo revient sans rancœur ni volonté de revanche, mais plutôt pour servir la cause de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale », rassure Stéphane Kipré, ex-exilé politique et proche de l’ex-président ivoirien.