Le Président français Emmanuel Macron s’invite au Mali. Cette visite surréaliste intervient alors que les autorités maliennes travaillent au passage de leur pays sous pavillon russe et que cela passe mal auprès des autorités françaises.
Mali : Après l’échec des menaces, Macron dans la négociation ?
Le 20 décembre prochain, Emmanuel Macron sera au Mali. Il va rencontrer son homologue Assimi Goïta, Président de la transition militaire, à qui il déniait toute légitimité. Selon Jeune Afrique, le chef de l’État français arrive à Bamako pour évoquer avec son homologue malien plusieurs dossiers déjà effleurés au téléphone. Au cœur du futur échange des deux dirigeants, la possible arrivée prochaine des paramilitaires Russes de la société Wagner.
Le torchon brule depuis plusieurs mois entre Paris et Bamako à cause de l’attitude souverainiste des dirigeants maliens. Le Président français ne cesse de prendre ce pays comme une ville de la France. Il veut décider de tout ce que doivent faire les dirigeants locaux. Avec qui ils ont droit de tisser des partenariats… Macron n’avait notamment pas hésité à annoncer le retrait des soldats français de l’opération Barkhane qui luttent contre les djihadistes dans le Sahel. Malgré l’arrivée prochaine de Emmanuel Macron au Mali, la France poursuit son désengagement militaire dans le pays. Les soldats français passeront de 5000 hommes à 3000 personnes entre l’été 2021 et celui de 2022.
Cette annonce du retrait de l’armée française s’est faite de façon unilatérale par Paris. La France croyait ainsi pouvoir s’en servir comme moyen de pression sur le Président Assimi Goïta et son administration. Mais mal lui en a pris puisque le Mali a rapidement réactivé et raffermi ses relations avec la Russie. Comme en Centrafrique, où les hommes de Vladimir Poutine ont ramené la paix en un temps record, Bamako veut se débarrasser des djihadistes qui contrôlent certains de ses territoires grâce à la coopération avec la Russie.
Choguel Kokalla Maïga prêt à garder le cap
L’incisif Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga n’a laissé aucune marge de manœuvre à Paris de ramener son pays sous la domination française. Il n’avait pas hésité à tancer l’attitude ridicule, ou plus grave, criminelle de la France devant le Conseil des Nations Unis. La décision de la France de se retirer du Mali a été perçue par lui comme un « abandon en plein vol », un propos qui avait choqué jusqu’au sein de la classe politique française.
Après l’échec de la tentative pour isoler le Mali auprès de certains chefs d’État de la CEDEAO, Paris n’a cessé d’envoyer des émissaires à Bamako pour négocier tout en poursuivant son opération de déstabilisation de ce pays dans les médias. Entre tentative d’infantilisation et de délégitimation des autorités maliennes, la France n’a atteint aucun de ses objectifs. Elle a même complètement précipité Bamako dans les bras de la Russie avant la nouvelle opération séduction annoncée de Macron à Bamako.
Selon RFI, « L’un des objectifs du président français sera de convaincre Assimi Goïta » de renoncer à recourir aux paramilitaires Russes pour combattre le terrorisme dans son pays. Le confrère annonce qu’à l’occasion de la rencontre des deux chefs d’État à Bamako, ils évoqueront aussi « la fin de la transition et la date des prochaines élections », Emmanuel Macron rejoindra par la suite « Gao pour partager un dîner de Noël avec les militaires français encore sur place. »
Mali : Assimi Goïta toujours souverainiste ?
Il faut croire que la France ne comprend pas bien le message qui lui a été envoyé ces longs derniers mois par le Mali. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a déjà affirmé que la priorité de son pays n’était pas d’aller à des élections avec un territoire occupé en partie par des terroristes. La transition malienne veut dans un premier temps se débarrasser des djihadistes avant de procéder à un véritable nettoyage de son administration. Le Mali veut se donner des institutions assez fortes pour que même le Président qui sera élu à la prochaine élection ne soit à mesure de violer les règles démocratiques qui seront installées.
Paris lui semble plus préoccupé par une rapide arrivée au pouvoir d’un civil et on se demande bien pourquoi. Le Mali est un pays indépendant, une vérité que rappellent constamment les nouvelles autorités, d’où l’incompréhension du rôle que veut se donner Macron à Bamako. Plus de 60 ans après l’indépendance de ce pays, la France veut continuer d’avoir son mot à dire au Mali comme il le ferait dans un département d’outre-mer.
Reste à savoir si le colonel Assimi Goïta, qui tient tête à la France et son réseau de communicants depuis son arrivée, continuera sur sa lancée ou s’il finira par entrer dans les rangs. Cette visite d’ Emmanuel Macron est en tout cas sous haute surveillance de la jeunesse malienne, majoritairement opposée à un rapprochement Paris – Bamako.