« Camarade Papa« , c’est le nouveau romand d’ Armand Gauz, de son vrai nom Armand Patrick Gbaka-Brédé, le romancier, scénariste et photographe ivoirien grandi par « Debout-Payé« , publié en 2014, aux éditions Le Nouvel Attila. Cette oeuvre littéraire saluée par la critique pour la qualité de son style d’écriture, ses satires sociales, et de son humour avait été le premier lauréat du Prix des libraires Gibert Joseph1. Avec « Camarade Papa », le succès ne devrait pas manquer le rendez-vous.
« Camarade Papa », la performance d’un équilibriste littéraire
« Camarade Papa » est annoncé. Comment est-il ? Eh bien, un cran au-dessus du précédent qu’on avait apprécié et qui avait été un beau succès de librairie. « Camarade Papa » est le roman d’un écrivain subsaharien assez bien dans sa peau pour se glisser avec humour et sensibilité dans celle d’un colon européen (un homme qui voulait simplement voyager), assez créatif pour inventer un langage d’enfant tendre et poétique, à la limite du burlesque parfois.
Ce travail sur la langue est une performance d’auteur: un numéro d’équilibriste littéraire. On retient son souffle à quelques reprises, on est soulagé que la chute n’ait pas lieu. Et cela fait partie du plaisir, on lit ces passages comme on regarderait un funambule exercer son art. On rit beaucoup. Le rire, en Afrique subsaharienne, est souvent une manière de porter ses cicatrices avec élégance.
L’ouvrage est érudit sans effets de manche et axé sur l’essentiel en littérature: la matière humaine. En plus d’un voyage haut en couleur dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, Gauz offre un vrai plaisir de lecture. Jetez-vous dessus à la rentrée.
Si vous rêvez du Wakanda, d’ancêtres subsahariens couverts de soie et de brocart, ce roman n’est pas pour vous. Il s’y raconte une histoire plus authentique, celle qu’il faut assumer pour la dépasser et se réinventer. Même les rêves ne peuvent pousser hors-sol. Et sur le sol subsaharien, il y a eu ça, la colonisation. Il y a eu cela, et nous sommes là. Les uns et les autres…
Présentation de l’éditeur: « Une histoire de la colonisation comme on ne l’a jamais lue.
1880. Un jeune homme, Dabilly, fuit la France et une carrière toute tracée à l’usine pour tenter l’aventure coloniale en Afrique. Dans une « Côte de l’Ivoire » désertée par l’armée française, quelques dirigeants de maisons de commerce négocient avec les tribus pour faire fructifier les échanges et établir de nouveaux comptoirs. Sur les pas de Dabilly, on découvre une terre presque inexplorée, ses légendes, ses pactes et ses rituels…
Un siècle plus tard, à Amsterdam, un gamin d’origine africaine raconte le monde postcolonial avec le vocabulaire de ses parents communistes. Lorsque ceux-ci l’envoient retrouver sa grand-mère et ses racines en Afrique, il croise les traces et les archives de son ancêtre.
Ces deux regards, celui du blanc sur l’Afrique et celui du noir sur l’Europe, offrent une histoire de la colonisation comme on ne l’a jamais lue. Gauz fait vivre des personnages tout en contrastes, à la lumière solaire, dans une fresque ethnologique pétrie de tendresse et d’humour. »