L’Avocat centrafricain est en détention depuis le 3 mars 2024. Il est en garde en vue, suite à une enquête en arrestation. Selon la plainte déposée au Parquet du Tribunal de Grande Instance de Bangui que nous avons consultée, il est poursuivi pour outrage à Magistrat.
Il est reproché à Crépin Mboli-Goumba, d’avoir organisé à Bangui, un point de presse dans lequel « il ne s’était pas privé de critiquer le système judiciaire dans son fonctionnement, en rapport avec les affaires qu’il suivait devant les instances judiciaires » en Centrafrique.
En parallèle, la déclaration de Crépin Mboli-Goumba était « ouverte et nominative » à l’endroit des Magistrats selon la plainte. Le document explique aussi, que si Crépin Mboli-Goumba s’était comporté de cette manière, c’est « dans le but indiscutable de porter une atteinte à l’honneur et la dignité » de ces Magistrats cités nommément.
Les Magistrats ayant saisi le Tribunal, estiment que le comportement de Crépin Mboli-Goumba est constitutif de l’infraction prévue par l’article 132 du code pénal Centrafricain. Et selon cet article, « toute expression dont la signification menaçante, diffamatoire ou injurieuse est propre à diminuer le respect dû à un dépositaire de l’autorité publique constitue un outrage ».
C’est pour ce motif, que ces Magistrats ont saisi le Tribunal afin d’obtenir une réparation. Car selon eux, les propos de Crépin Mboli-Goumba « avaient été publiés par les journaux de la place, retransmis sur les ondes de radios tant nationales qu’internationales et circulant sur les réseaux sociaux ».
Des arguments réfutés par les Avocats et les politiques.
Les Avocats du Barreau de Centrafrique, ont décidé d’observer une grève des prétoires d’une durée illimitée. Ils estiment, que les droits les plus élémentaires de leur confrère ont été violés. Le bâtonnier du conseil de l’ordre, Emile Bizon interrogé par RFI explique, que l’arrestation de Me Crépin Mboli-Goumba est « arbitraire ». En plus, « il lui a été interdit d’avoir accès à un avocat et à un médecin dès les premières heures » de son arrestation, a expliqué Me Emile Bizon.
Du coté des politiques, la condamnation est aussi trop forte. Dans un communiqué du 3 mars 2024, le BRDC dénonce une « séquestration ». Cette arrestation, constitue une intention manifeste, « d’humilier et de traiter comme un criminel un citoyen, de surcroit, un avocat et homme public », ont expliqué les partis politiques membres du BRDC.
Dans un autre communiqué de riposte, le Procureur de la république dénonce des amalgames entretenus par les partis politiques. Ils sont destinés selon lui, « à distraire l’opinion publique et internationale » sur cette affaire. Et pour cause, l’arrestation de Me Crépin Mboli-Goumba constitue une affaire privée et non, « un règlement politique ». Le Procureur plaide pour une sérénité autour de cette procédure en cours.
Me Crépin Mboli-Goumba est arrêté le 3 mars 2024, à l’aéroport International Bangui-M’Poko. Il s’apprêtait pour des raisons sanitaires, à voyager pour Douala au Cameroun. La mesure de son placement en garde en vue, se poursuit toujours à Bangui.