Depuis la publication du rapport de la Cour des comptes de Côte d’Ivoire, une question persiste dans l’esprit de nombreux Ivoiriens : où sont passés les fonds de l’État de Côte d’Ivoire liés à son partenariat avec l’ONECI et SNEDAI ? À quelques jours du début de la CAN 2023, cette affaire change complètement l’ambiance chez des Ivoiriens qui ont de moins en moins le cœur à l’amusement.
Côte d’Ivoire : Rapport de la Cour des comptes, les Ivoiriens demandent des comptes
Alors que le ministère du Budget prétend que ces fonds ne relèvent pas de la comptabilité publique, SNEDAI a affirmé le contraire en prétendant que ces fonds sont bien versés sur des comptes séquestres ouverts dans des établissements financiers de premier plan et au nom de l’État ivoirien.
Le ministère du Budget de M. Adama Coulibaly semble camper sur sa position en affirmant que ces fonds ne sont pas de l’argent public et ne requièrent donc pas de compte unique du trésor (CUT). Cependant, cela soulève des questions sur la gestion de ces fonds en dehors des normes comptables habituelles.
En effet, depuis 2014, l’État ivoirien a mis en place un CUT qui est censé recueillir toutes les ressources pour son compte et à partir duquel sont donc effectués tous les décaissements. Il est forcément surprenant que ce compte unique du trésor ne soit pas au courant des comptes séquestres mentionnés par SNEDAI dans son communiqué en réponse à l’observation de la Cour des Comptes. Cela soulève des doutes sur la transparence et à la traçabilité des fonds de l’État de Côte d’ivoire dans ces partenariats.
De plus, l’État ivoirien a mis en place une Caisse de Dépôt et Consignation par la loi n°2018/574 du 13 juin 2018. Le but est de recevoir, séquestrer ou consigner des fonds et de les restituer aux personnes bénéficiaires en cas de besoin. Cette mesure devrait donc garantir une gestion rigoureuse des fonds publics, mais apparemment, elle n’a pas été suffisante pour certains partenariats public-privé.
Des inquiétudes sur la gestion des fonds publics
Cette situation soulève des inquiétudes quant à la gestion des ressources financières de l’État de Côte d’Ivoire. L’opacité entourant ces fonds et l’absence d’une cohérence dans leur gestion suscitent des interrogations quant à une possible mauvaise utilisation ou même un détournement de ces fonds publics.
Pour les ivoiriens, il est essentiel que les autorités compétentes, notamment le ministère du Budget, l’ONECI et SNEDAI, fassent la lumière sur cette affaire. Cela pourrait passer par des débats télévisés lors desquels chaque partie viendrait avec les preuves de ses affirmations.
À quelques jours du début de la CAN 2023, le rapport de la Cour des Comptes vient changer l’ambiance dans l’esprit des ivoiriens. Pendant que le gouvernement de Côte d’Ivoire annonce une augmentation de 10% du prix de l’électricité en 2024, et donc que les ménages doivent davantage se serrer la ceinture, ce rapport de la Cour des Comptes vient provoquer la colère des citoyens.
Sur les réseaux sociaux, lieu d’expression de la masse populaire de Côte d’Ivoire, les commentaires sont de moins en moins courtois envers l’action gouvernementale. Les citoyens ont l’impression de faire des efforts quand des dirigeants jouent de légèreté dans la gestion des fonds publics.
LONECI et SNEDAI comme le FER ?
Cette affaire ramène au silence « assourdissant » qui pèse aujourd’hui encore sur l’affaire du scandale au Fonds d’Entretien Routier de Côte d’Ivoire de novembre 2021. Un soupçon de détournement de 35 milliards de FCFA plane sur l’ancien directeur Diaby Lanciné. Ce dernier a été débarqué de ses fonctions après les conclusions de l’audit.
Le Gouvernement de Côte d’Ivoire a beau diffuser son intention de poursuivre prochainement des directeurs généraux coupables de détournements, les ivoiriens attendent toujours les procès plus de deux ans après.
Par effet d’enchainement, la CAN 2023 pourrait souffrir des contradictions qui entourent le rapport de la Cour des comptes qui vient exacerber la colère des ivoiriens suite à l’augmentation du prix de l’électricité.