C’est un truisme de le dire, le rapport de la Cour des comptes en ce début d’année nouvelle, a jeté un gros pavé dans la mare du gouvernement.
Côte d’Ivoire : La Cour des comptes rajoute au doute des populations
Dans une atmosphère rendue maussade par l’annonce avant la fin de l’année de l’année 2023 du renchérissement du coût de l’électricité pour les ménages ivoiriens, le rapport de la Cour des comptes vient en rajouter au doute, à la confusion et au désespoir du peuple ivoirien, qui se demande bien de quoi demain sera fait.
D’un côté, l’augmentation du prix des produits de premières nécessités, qui induit une cherté indicible de la vie, lui fait déjà vivre une déprime sans nom, en attendant les retombées de l’augmentation annoncée du prix de l’électricité, et de l’autre, il constate avec amertume, que les taxes et les services qu’il paye à l’Etat, sont gérés avec une légèreté déconcertante qui frise la malversation ou le détournement.
En attendant que les remarques, les affirmations et les interrogations de la Cour des comptes ne trouvent des réponses de la part de ceux à qui elles sont destinées, l’Ivoirien lambda ne peut s’empêcher de se poser lui-même des questions quant à quelques « lièvres » levés par ladite Cour.
Ainsi, relativement au volet des passeports et des visas, dont les frais sont collectés par l’entreprise Snedai, une polémique est née à la suite du fameux rapport. À l’affirmation de la Cour des comptes de n’avoir pas retrouvé les traces des fonds collectés pour les frais des passeports et des visas, dans la comptabilité de l’Etat, Snedai rétorque reverser ces fonds dans un compte séquestre ouvert au nom de l’Etat dans des établissements financiers.
Alors questions :
Si les comptes séquestres sont au nom de l’Etat, pourquoi le comptable public garde le silence et ne déclare pas les sommes encaissées ?
Dans la convention liant Snedai à l’Etat, à qui revient la gestion des fonds versés par l’entreprise partenaire de l’Etat ?
Qui a véritablement la gestion des comptes séquestres ?
On en était là à se poser des questions, quand des journalistes, qui ne sont pas des comptables de l’Etat, affirment sur un plateau de télévision, avoir retrouvé ces fonds dans la comptabilité de la Direction générale des impôts (Dgi), donnant même les montants versés par Snedai.
Comment ces journalistes ont-ils fait pour retrouver les traces des fonds versés, là où la Cour des comptes interroge ceux qui sont censés gérer ces fonds, sans obtenir de réponses ?
Si la loi des finances autorise la Direction générale des impôts à collecter ces fonds, pourquoi n’ a-t-elle pas déclaré au Budget et à la Cour des comptes cet argent public qui provient du partenariat passé entre l’Etat et Snedai ?
Au demeurant, la Direction générale des impôts a-t-elle déposé ces fonds au Trésor public, puisqu’il est de notoriété publique que celle-ci dépose ses fonds collectés dans le cadre de ses propres activités au Trésor public ?
Pourquoi les comptes séquestres n’ont-ils pas été ouverts dans les livres du Trésor public qui dispose bien d’une banque ?
Enfin, si le Trésor public affirme n’avoir pas vu « la couleur de l’argent » des passeports et des visas, alors où est passé cet argent ?
On notera que si les affirmations des journalistes s’avèrent conformes à la réalité, on aura compris que cela relève d’un dysfonctionnement qu’aucun contrôle, aucune évaluation n’a permis de corriger. C’est bien là un élément symptomatique de la légèreté qui prévaut dans maints domaines de l’administration ivoirienne et qui perdure.
Dans cette administration, des procédures existent, des « traditions administratives » existent, mais de nombreux responsables de notre administration ont pris le pli de contourner les procédures, de prendre des libertés avec les « traditions administratives » et même avec les textes réglementaires, créant ainsi des dysfonctionnements savamment entretenus pour des objectifs qu’eux seuls connaissent. Et comme il faut s’y attendre, cela rejaillit sur la qualité des services attendus par les usagers.
Mais sans objectifs de résultats, sans contrôle et sans évaluations comme susmentionné, à quoi peut-on objectivement s’attendre ?
Espérons seulement que dans quelques jours, les violentes questions de la Cour des comptes auront des éléments de réponse pour le bonheur du peuple ivoirien !
Ainsi va le pays.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.