Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue ce mardi 20 mars dans les locaux de l’OCLCIFF, l’office anticorruption, à Nanterre. Réputé pour ses relations étroites avec certains pays africains, l’ancien président français est interrogé dans le cadre de l’enquête sur les soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, révèle Médiapart.
Nicolas Sarkozy, dans le collimateur de la justice
L’affaire remonte à avril 2012, lorsque le tabloïd a publié un document faisant état d’un « accord » conclu entre Nicolas Sarkozy et le guide libyen Mouammar Kadhafi, assassiné en octobre 2011.
Selon cet accord, la Libye aurait versé une somme de 50 millions d’euros pour le financement de la campagne présidentielle de M. Sarkozy en 2007.
Si certains membres des services secrets libyens contestent l’authenticité du document, d’autres affirment qu’il est bel et bien « crédible ».
L’ancien patron de l’Élysée a porté plainte contre le journal en ligne pour « faux et usage de faux », ainsi que pour « publication de fausses nouvelles ». Après instructions judiciaires, la Cour a décidé qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre l’intéressé en Justice.
Mais, ce mardi 20 mars, l’ancien membre du Conseil constitutionnel français vient d’être placé en garde à vue par la police. Cette décision signifie-t-elle que les magistrats ont rassemblé de nouveaux éléments confirmant les soupçons de financement illicites ? La Libye a-t-elle décidé de coopérer ? Quoi qu’il en soit, M. Sarkozy pourrait être présenté aux magistrats à l’issue de sa garde à vue afin d’être mis en examen, révèlent nos sources.
Nicolas Sarkozy rattrapé par son passé ?
Notons que le mandat de l’ancien président de la République a été marqué par des interventions militaires dans certains pays africains. Des actions qui continuent à avoir des répercussions dans ces nations.
Lors de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, la force Licorne a été poussée par Sarkozy à déloger Laurent Gbagbo et le remettre aux forces pro-Ouattara. Une descente guerrière fortement critiquée.
Aussi l’intervention militaire de la France en Libye a occasionné un pays en lambeau dans lequel prospère le terrorisme et l’esclavage. Le nouveau locataire de l’Élysée, Emmanuel Macron, a lui critiqué l’intervention de Nicolas Sarkozy. « L’Europe, les États-Unis et quelques autres [ont] une responsabilité dans la situation actuelle en Libye », a déclaré le président français devant des députés tunisiens le 02 février 2018, avant d’ajouter : « Je n’oublie pas que plusieurs ont décidé qu’il fallait en finir avec le dirigeant libyen sans qu’il y ait pour autant de projet pour la suite ».
Ainsi Nicolas Sarkozy est-il rattrapé par ses actions en Afrique ?