Les ressortissants burkinabè ont profité de la survenance de la crise militaro-politique en Côte d’Ivoire, en septembre 2002, pour s’installer dans des forêts classées ivoiriennes. Leur déguerpissement est aujourd’hui devenu source de conflits avec l’Etat ou avec les populations autochtones.
Les Burkinabè investissent l’ouest ivoirien
La question du foncier rural est visiblement loin d’avoir trouvé une solution durable en Côte d’Ivoire, surtout avec l’occupation des zones protégées par des allogènes. Qui ne se souvient pas du chef de guerre Amadé Ouérémi et ses compatriotes burkinabè qui avait mis le parc national du Mont Peko sous sa coupe, et y exploitant du cacao, du café et autres ressources forestières de cette forêt classée.
Le déguerpissement de cette population, en majorité originaire du pays mossi, avait failli virer à l’incident diplomatique entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, n’eut été l’implication personnelle des présidents Alassane Ouattara et Roch Marc Christian Kaboré. Aussi, malgré cette libération officielle, des groupes armés continuent d’occuper illégalement cette forêt et de l’exploiter.
La forêt classée de Goin-Débé à Guiglo avait également été source de conflits entre les autochtones Guéré et les allochtones Baoulé. La pomme de discorde était une vaste étendue de plantation de cacao appartenant à un ressortissant burkinabè nommé Salam, incarcéré à la suite de la crise postélectorale.
Plusieurs conflits fonciers ont par ailleurs éclaté entre les Guéré se plaignant régulièrement de l’occupation de leurs forêts par des Burkinabè.
Plusieurs missions gouvernementales ont été dépêchées à l’ouest du pays pour trouver une issue favorable à tous ces conflits, mais à ce jour, le feu couve toujours sous la cendre.
Le récent conflit entre autochtones Toura et allogènes burkinabè dans la localité de Giandé à Biankouma à propos de l’occupation, par les derniers cités, de la forêt sacrée de Gambié révèle que l’ouest ivoirien est véritablement une poudrière.
Il ressort des faits que la population locale avait exigé le départ des occupants de leur forêt. Un premier affrontement qui avait éclaté entre les deux groupes avait causé la mort d’un Burkinabè. La vendetta ne s’est pas fait attendre, car les hommes venus du Faso ont lancé une véritable expédition punitive sur le village de Giandé. Le bilan fait état de 400 maisons incendiées et 700 déplacés, dont 600 sans-abris. Les populations toura n’ont eu la vie sauve qu’en se réfugiant dans les localités environnantes.
Il convient donc au gouvernement ivoirien de s’intéresser de près à ce dossier très sensible qui risque de prendre des proportions considérables si l’on y prend garde.