Les graves révélations du site canadien, Vice Média, sur la supposée implication d’Hamed Bakayoko, ministre ivoirien de la Défense, dans un puissant réseau de narcotrafiquants dans la sous région ouest-africaine, continuent d’enflammer la toile.
Le magistrat Ange Olivier Grah à Hamed Bakayoko: « C’est une attitude peu honorable (…) une tentative d’intimidation de citoyens »
Présenté par Vice-Média comme le baron du trafic de drogue en Côte d’Ivoire, l’intérimaire du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, a dénoncé des insinuations « graves et diffamatoires » qui vont à l’encontre de ses principes de vie mais également jettent le discrédit sur son pays, la Côte d’Ivoire. Dans sa réponse aux graves accusations portées contre sa personne, Hamed Bakayoko a annoncé qu’il portera plainte contre les journalistes Ibekwe Nicholas et Daan Bauwens, auteurs de l’article « incriminé », mais également contre les relais de cette information.
«Monsieur le Ministre d’Etat Hamed Bakayoko, la publication ou le partage d’un article de presse, même diffamatoire, n’est pas une infraction au sens de la loi ivoirienne, à plus forte raison lorsqu’il n’est pas établi que l’article le soit. La volonté de s’en prendre aux « relais » qui est une notion ignorée de la loi sur la presse et de celle sur la cybercriminalité qui ne saurait d’ailleurs concerner la publication ou le partage d’articles de presse sur les réseaux sociaux », a interpellé le magistrat Ange Olivier Grah.
«C’est une tentative d’intimidation de citoyens qui ne font que profiter de leurs droits à l’information et à l’expression. Cette attitude est annonciatrice d’abus de pouvoir. Elle laisse entrevoir le véritable objectif du communiqué : parce qu’on a peur de tenter le diable en poursuivant là où doivent être poursuivis les auteurs des articles, faute de savoir les éléments de preuve qu’ils détiennent, on essaie de limiter sa diffusion par des menaces sur les lecteurs. C’est une attitude peu honorable. Si on ne la décrie pas dès maintenant, des innocents risquent de se retrouver derrière les barreaux pour effrayer les personnes qui seront tentées de publier l’article », a-t-il ajouté.
Si « diffamation » il y a, estime l’homme de droit, il revient au chef interimaire du gouvernement ivoirien d’engager les voies de droit contre les véritables auteurs au lieu de s’en prendre arbitrairement aux citoyens qui sont libres de partager et de commenter l’article, comme tout autre information à laquelle ils ont accès par voie de presse audio-visuelle, papier ou numérique. « Ce sont les droits constitutionnels à la liberté d’information et d’expression », a-t-il élucidé.