En liberté sous condition en Belgique, Laurent Gbagbo ne cache pas son envie de retrouver la Côte d’Ivoire. Poursuivi pour crimes contre l’humanité, qui auraient été commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011, leader du Front populaire ivoirien (FPI) a été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) en janvier 2019. Depuis, son retour sur les bords de la lagune est sans cesse réclamé par ses partisans. Le président Alassane Ouattara a fait des confidences sur cette affaire.
Gbagbo bientôt de retour ? Alassane Ouattara parle
Après avoir dirigé la Côte d’Ivoire du 26 octobre 2000 au 11 avril 2011, Laurent Gbagbo a été jugé par la Cour pénale internationale. L’ex-chef d’État ivoirien était accusé de crimes contre l’humanité commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011. En effet, au lendemain de l’élection présidentielle, le candidat de La majorité présidentielle (LMP) et Alassane Ouattara, représentant le Rassemblement des républiques (RDR), réclamaient chacun la victoire. Le président sortant a été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel présidé par Paul Yao N’dré, alors que son adversaire avait désigné président élu par la Commission électorale indépendante (CEI), à sa tête Youssouf Bakayoko. La situation s’est aggravée avec les affrontements armés entre les forces loyales aux deux personnalités politiques. Le 11 avril 2011, les forces fidèles à Alassane Ouattara, appuyées par l’ONUCI et les forces françaises, arrêtent Laurent Gbagbo au Palais présidentiel.
Le 30 novembre 2011, Laurent Gbagbo est transféré à la La Haye où il est inculpé pour crimes contre l’humanité. À la suite d’un procès marathon, qui a duré sept ans, le patron des refondateurs et son ancien ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, sont acquittés par les juges de la CPI le 15 janvier 2019 et retrouvent la liberté sous condition. Laurent Gbagbo, établi en Belgique, souhaite retrouver la terre de ses ancêtres. Il faut noter cependant qu’en 2018, l’époux de Simone Gbagbo est condamné par contumace à 20 ans de prison ferme par les autorités ivoiriennes dans l’affaire de la casse de la BCEAO.
Soucieux de fouler le sol ivoirien, Laurent Gbagbo engage une demande de passeport auprès du pouvoir d’Abidjan. « Malheureusement nous n’avons eu aucun retour de la part de l’ambassade et des autorités ivoiriennes. Il nous a clairement été sous-entendu, qu’il ne sera pas donné suite à la demande de passeport. C’est ce qu’il nous a été sous-entendu dans la mesure où il nous a été indiqué que la délivrance du passeport dépendait de l’autorisation éventuelle donnée par les autorités politiques d’Abidjan », a confie Me Habiba Touré, l’avocate du « Woody » de Mama dans une interview réalisée par dw.com.
Dans un entretien accordé à Paris Match, Alassane Ouattara s’est prononcé sur le retour du chef de file du FPI en Côte d’Ivoire. Selon le chef d’État ivoirien, Laurent Gbagbo « a commis des erreurs, mais c’est un frère et un ancien président ». « La Côte d’Ivoire reste son pays. Il faut attendre le verdict en appel devant la CPI, car pour l’instant il est en liberté sous condition. Ensuite, des dispositions seront prises quant à son retour, sachant qu’il est condamné à vingt ans de réclusion pour crimes économiques », a ajouté le numéro un ivoirien. Notons que Jeune Afrique avait publié une information selon laquelle le mentor du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) s’engage à gracier Laurent Gbagbo en échange de sa neutralité politique.