Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé étaient à une audience décisive devant la Cour pénale internationale (CPI), dans l’après-midi de ce mercredi 31 mars 2021. La Chambre d’Appel s’est prononcé, ce jour à La Haye, sur l’acquittement prononcé en première instance, contre lequel la Procureure Fatou Bensouda a interjeté appel.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé définitivement acquittés devant la CPI
15 janvier 2019, les juges de la Chambre de première instance de la Cour pénale internationale (CPI) ont acquitté Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, accusés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Crimes commis lors de la crise ivoirienne dite crise postélectorale de 2010 – 2011.
Le Juge-président Cuno Tarfusser et ses assesseurs, à la majorité des deux tiers, avaient par ailleurs ordonné la mise en liberté immédiate des deux prévenus ivoiriens. Mais à la suite de l’appel interjeté par le Bureau du procureur, la Chambre d’Appel a ordonné, deux semaines plus tard, la libération sous conditions de l’ancien président ivoirien et du ministre de la Jeunesse de son dernier gouvernement.
La procureure gambienne a par ailleurs attaqué la décision d’acquittement de Messieurs Gbagbo et Blé Goudé devant la Chambre d’Appel. Après moult tractations et au bout de plusieurs procédures, le juge-Président Chile Eboe-Osuji et ses collègues se prononceront finalement sur l’appel du Parquet de la CPI, ce mercredi 31 mars 2021.
Mais avant le prononcé du verdict, l’ancien leader de la Galaxie patriotique s’est replongé dans son passé, sept années plus tôt, pour ressortir sa comparution lors de l’audience de confirmation des charges devant la Chambre préliminaire I de la CPI, le 27 mars 2014.
Il y a donc sept (7) années que l’ancien Secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) tenait des propos qui sont en passe de s’accomplir, tant l’évolution du procès et les multiples décisions prises par la Cour de La Haye tendent à en faire de véritables prophéties.
Face à la juge argentine Silvia Fernandez de Gurmendi, l’ancien chef des jeunes patriotes ivoiriens avait déclaré que pour le respect qu’il a pour toutes les victimes de ce conflit ivoirien, il est bien content d’être devant cette cour de justice internationale pour faire éclater la vérité.
« Je ne veux pas être libre de mes mouvements physiques, pendant que ma conscience innocente, accusée à tort, d’être la base de tous les torts, pleure au dedans de moi », a déploré d’entrée Blé Goudé Charles.
Transféré à la CPI, le 21 mars 2014, le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) s’est offusqué des conditions cavalières de son arrestation au Ghana, ainsi que sa difficile condition de détention quatorze mois durant, à Abidjan.
« La prison n’est pas un instrument pour briser le moral de ses adversaires politiques… Quelqu’un est accusé, avec tous ses droits, on peut le mettre en prison. Et s’il est reconnu coupable, il est condamné », a-t-il martelé.
Toutefois, espère le filleul de l’ancien chef d’État ivoirien, il sera innocenté de toutes les charges retenues contre lui et il pourra rentrer en Côte d’Ivoire, son pays. «Contrairement à une certaine opinion qui estime, à tort ou à raison, qu’un voyage à la CPI est un voyage de non-retour, je pense qu’un citoyen, qui est suspecté par la CPI, peut venir ici, faire l’objet d’un procès, et s’il est innocent, peut repartir chez lui », a ajouté Blé Goudé, avant d’affirmer avec conviction : « Et je sais que je repartirai chez moi».
Loin de toute appréhension ou d’idée préconçue, le Génie de Kpô, comme l’appellent ses proches, a lancé cette recommandation aux juges de la CPI : « Dans cette Cour où je suis, si je suis reconnu coupable, que la loi me soit appliquée dans toute sa rigueur. Mais, si je suis jugé pour ce que j’ai fait et non pour ce que je suis, que je sois jugé innocent et que je reparte chez moi. Et je sais que je repartirai chez moi. » « Je suis venu ici, et je me considère comme en mission pour la manifestation de la vérité… Je suis pour que la manifestation de la vérité se fasse », a-t-il achevé sur la question.
Ce mercredi 31 mars 2021, c’est donc d’un pas confiant, accompagné de son avocat, Me Gbougnon Jean Serge, et de certains de ses collaborateurs, que Charles Blé Goudé est entré par la porte principale de la salle d’audience, sourire aux lèvres.
Et, disons-le tout net, le « Ministre de la Rue » aura eu le nez creux, car trois sur les cinq juges de la chambre d’appel se sont prononcés en faveur de l’acquittement définitif de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Ce qui sonne la fin de l’affaire Gbagbo Laurent et Charles Blé Goudé.