Le procès Soro Guillaume et de 19 de ses coaccusés était à sa troisième journée, le jeudi 27 mai 2021. À cette audience, le chef de la garde rapprochée de l’ancien chef du Parlement, le Commandant Kassé Kouamé, a révélé avoir reçu les armes trouvées au siège du GPS et dans la lagune, des mains du Général Diomandé Vagondo depuis le Golf Hôtel.
Procès Soro, le commandant Kassé Kouamé voulait « détruire » le stock d’armes
Accusés de « complot contre la sûreté de l’État, participation à une bande armée sans y exercer aucun commandement, détention sans autorisation d’armes à feu de la première catégorie, et d’actes et manoeuvres de nature à compromettre la sécurité publique », Guillaume Soro et ses compagnons de Générations et peuples solidaires comparaissent devant le tribunal criminel d’Abidjan. La troisième audience du procès Soro a été le lieu d’évoquer la question des armes retrouvées, le 23 décembre 2019, au siège du mouvement politique de l’ancien Président de l’Assemblée nationale, ainsi que l’arsenal retiré de la lagune à quelques encablures de sa résidence d’Assinie mafia.
« Est-ce des armes de guerre ou c’est juste pour chasser des oisillons ? », a interrogé le président du Tribunal. Appelé à témoigner individuellement et en l’absence des autres prévenus, prié de quitter la salle d’audience, le Commandant Jean-Baptiste Kassé Kouamé n’a pas mis du temps à se mettre à table. « C’est au Golf Hôtel que le général Vagondo nous a remis ces armes. Il est là, vous pouvez lui demander », a déclaré l’un des trois militaires présents dans le box des accusés.
Il s’agit en effet, selon cet élément des Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI), d’un total de 50 kalachnikovs pour ses 50 hommes de la garde rapprochée de Soro Kigbafori Guillaume. Cette garde étant réduite à 20 éléments, le surplus des 30 kalachs était alors entreposé au siège de GPS. Avouant que l’atmosphère politique était « chaud (e) », ce jour-là, dans la foulée du retour manqué de Guillaume Soro à Abidjan, le Commandant Kassé Kouamé indique avoir demandé à six de ses hommes de les détruire.
« J’étais à la résidence du président Soro quand j’ai été appelé qu’il y avait des troubles au bureau annexe du président. J’avais été aussi surpris que la résidence de M. Soro était encerclée par des policiers. On a aussi constaté que des hommes encagoulés sautaient la clôture du bureau annexe… Comme nous devions partir, j’avais peur qu’on puisse prendre ces armes… On arrêtait les gens à gauche à droite, je ne savais pas quoi faire… Alors troublé, j’ai eu juste le temps de dire à mes éléments d’aller jeter ces armes à la lagune pour les détruire afin qu’on ne vienne pas les utiliser contre nous. », a-t-il témoigné.
Le président du tribunal criminel a par ailleurs interrogé l’accusé militaire sur les raisons qui l’ont poussé à jeter les armes « dans un rayon bien rétréci » aux abords de la résidence de Soro et non pas à Abidjan. Mais toutes ces interrogations sont restées sans réponses. Les deux autres accusés militaires, notamment le sous-officier Lamine Traoré et Emmanuel Silué, soldat et chauffeur, disent avoir été de simples exécutants dans cette affaire.