Laurent Gbagbo de retour en Côte d’Ivoire. L’ancien chef de l’Etat de 2000 à 2011 a fait sa première apparition publique dimanche lors d’une messe à la Cathédrale Saint-Paul du Plateau. En annonçant son grand retour auprès des éclésiastiques du Vatican, Gbagbo contraste avec son appartenance à la communauté des églises évangéliques ivoiriennes.
Baptisé à l’Eglise catholique, Laurent Gbagbo retrouve les siens à la cathédrale après 20 ans
Dimanche 20 juin, Laurent Gbagbo a choisi pour sa première apparition publique, la Cathédrale Saint-Paul du Plateau, le quartier des affaires d’Abidjan pour la messe dominicale. Une présence inopinée de l’ancien président qui a créé une grande joie auprès de l’assistance et suscité de vives émotions chez les fidèles évangéliques qui apprenaient officiellement que leur mentor a retourné sa veste au profit de l’Église catholique de qui il reçut son premier baptême.
Hormis les cadres de son parti, personne n’était au courant de la présence de Laurent Gbagbo à la Cathédrale Saint-Paul du Plateau ce dimanche matin. Après sermons et de cantiques, Monseigneur Jean-Pierre Kutwa invite l’ex-chef d’État à monter sur scène. Les fidèles qui se retenaient jusqu’à présent, entrent en effervescence. Pour solder son nouvel engagement au sein de la communauté catholique ivoirienne, le cardinal Jean-Pierre Kutwa offre un chapelet blanc à Laurent Gbagbo, puis lui adresse quelques mots en tendant son cadeau :
« Tu as été baptisé à l’église catholique. Après, tu as basculé à l’église évangélique, mais pour ton retour à Abidjan, tu as décidé de revenir à la maison, à l’église catholique. Je t’offre donc ce chapelet pour ta foi, et que la vierge Marie te protège. Bonne fête des pères », a déclaré le cardinal avant de se prononcer sur l’actualité socio-politique du pays : « Le train de la réconciliation est sur les rails, mais il faut que le train aille jusqu’à la gare de la paix. »
L’ancien président n’a pas prononcé un mot. Au sortir de la messe, c’est l’émeute sur l’ensemble des artères de la cathédrale inondée de fidèles et sympathisants qui ont eu écho de la présence de l’époux de Simone Gbagbo et de Nady Bamba sur les réseaux sociaux.
Laurent Gbagbo, Simone et les prophètes de la présidence de la République
Tout commence en 2000 quand Laurent Gbagbo qui vient d’accéder à la magistrature suprême, est converti à l’évangélisme. Gbagbo et son épouse Simone finissent par rejoindre la communauté évangélique qui prédit au nouveau président de la République, un destin présidentiel hors norme, voire messianique à celui qui n’était alors que « l’opposant historique ». Pour Moïse Loussouko Koré alias Moïse Koré, l’ex-chef de l’État ivoirien devait rester au pouvoir pour parachever l’œuvre de libération de son pays contre la « domination » française.
L’homme de Dieu, fondateur de l’Église Shekinah Glory Ministries en 1998, fait dresser une chapelle dans le palais présidentiel, juste après la défaite à l’élection de novembre 2010. Le pasteur qui fut dans une autre vie, une gloire du basket-ball ivoirien, y dirigeait lui-même les quatre prières quotidiennes (6 h 30, 12 heures, 18 h 30 et minuit), avec Laurent Gbagbo au premier rang des fidèles. Il n’hésitait pas, alors, à en appeler au Seigneur afin qu’Il « garde le chef de l’État et sa femme ». Convaincu tout comme son auditoire qu’il était dans le vrai, Moïse Koré souhaitait que « Dieu donne de longs jours au chef de l’État et à la Première dame, afin qu’ils conduisent le pays non dans la voie des hommes mais dans la voie du Seigneur », selon une enquête de Jeune Afrique publiée après la chute du régime Gbagbo.
Aux côtés de Moïse Koré, plusieurs pasteurs évangélistes et « prophètes » comme Sébastien Zahiri Ziki, le bombardé conseiller spirituel à la présidence de la République, Robert Yayé Dion, dirigeant de l’Église protestante baptiste Œuvres et Mission internationales ou encore Benjamin Boni de l’Église méthodiste unie de Côte d’Ivoire, soutiennent en prière le couple présidentiel en plein temps. Mais lorsque, le 11 avril 2011, l’ancien chef de l’État est capturé après l’assaut contre sa résidence, il ne s’est trouvé aucun de ces « prophètes » pour expliquer cette issue qu’ils n’avaient pas vu venir. Des centaines de fidèles, en revanche, y perdirent la vie.
17 juin 2021 – Des milliers de partisans accueillent Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo a regagné la Côte d’Ivoire, jeudi dernier, après une dizaine d’années passées à l’étranger dans le cadre de son procès contre le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011. À sa descente d’avion à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Port-Bouët, l’ancien chef d’Etat a été accueilli par des cadres de l’opposition dont son parti le FPI et par une foule de partisans.
Aucun membre du gouvernement, ni même Kouadio Konan Bertin, le ministre en charge de la Réconciliation nationale, n’y était.