Affoussiata Bamba-Lamine et Guillaume Soro, deux intrépides personnalités aux ambitions controversées; un destin commun à la croisée des chemins en Côte d’Ivoire.
Guillaume Soro – Affoussiata Bamba, un mariage de vie
Le mercredi 23 juin, l’ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a été condamné à la prison à vie par la Cour d’assises d’Abidjan. Tout comme 19 de ses proches dont Me Affoussiata Bamba-Lamine, membre de son conseil d’avocats, condamnés à 20 ans de prison dans une affaire de complot et tentative de déstabilisation dirigés contre le regime d’Alassane Ouattara.
L’accusation se fonde notamment sur un enregistrement audio de 7 minutes où Guillaume Soro échange avec un mystérieux interlocuteur sur les menées subversives projetées ainsi qu’une campagne de communication pour discréditer le régime. Des armes auraient également été saisies lors de l’enquête.
Depuis près de deux ans, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et l’ex-ministre de la Commununication sont persona non grata à Abidjan et courent les capitales occidentales à la recherche de soutien.
Dans une serie de déclarations musclées, l’avocate et son patron Guillaume Soro se disent déterminés à poursuivre « le combat pour la démocratie et l’état de droit en Côte d’Ivoire ».
« Être loin de son pays est une souffrance. Mais notre combat est nécessaire et les sacrifices qu’il engendre, sont inévitables. Nous poursuivrons sans relâche la lutte pour la démocratie et l’état de droit en Côte d’Ivoire, quoi qu’il en coûte. Nous sommes sereins et déterminés », a-t-elle réitéré vendredi, dans une seconde déclaration sur les réseaux sociaux, après la lourde sentence.
Pour l’exilée politique, ce verdict rendu, mercredi, par le tribunal criminel d’ Abidjan, ne reflète rien d’autre qu’une obsession de présidence à vie du président Ouattara « qui s’était déjà substitué aux juges et avait annoncé à l’encontre de Guillaume Soro, une condamnation à perpétuité avant même le déroulement du procès ».
Pour l’avocate des affaires inscrite au barreau de Paris depuis 2001 où elle possède toujours son cabinet dans le 16e arrondissement de la capitale française, la décision condamnant l’ex-chef rebelle, démontre « la grosse farce de la justice ivoirienne ». Une justice aux ordres qui vient de « démontrer sa soumission totale au pitre en chef, M. Ouattara ! ».
L’ancienne collaboratrice du président Alassane Ouattara, promet que la Défense fera appel de cette décision de justice.
GKS-Affoussy Bamba-Lamine et la rebellion ivoirienne
Seule femme et juriste attitrée, Affoussiata Bamba-Lamine a toujours occupé une place centrale dans le dispositif de Guillaume Soro. Arrivée en France pour passer son baccalauréat, elle y reste pour suivre l’intégralité de ses études de droit, jusqu’à son doctorat à l’université de Nancy.
Quand survient la rebellion ivoirienne de 2002, contre l’avis de ses parents, Affoussy Bamba se rapproche de la rébellion et rencontre Guillaume Soro pour la première fois à Paris, en novembre 2002. Initialement sollicitée pour donner des avis juridiques, elle joue un rôle primordial dans la préparation des accords de Linas-Marcoussis, en 2003.
Brillante communicante, lorsque Guillaume Soro intègre le gouvernement de réconciliation nationale au poste de ministre de la Communication, Affoussy devient sa conseillère juridique. Elle gagne en crédibilité auprès du nouvel homme fort d’Abidjan qui trouble désormais le sommeil du régime Laurent Gbagbo et pèse de tout son poids de juriste et séductrice en chef, dans les décisions prises par Guillaume Soro. Elle va même l’aider notamment à s’octroyer le droit de nommer le directeur général de la RTI.
Devenue porte-parole de la rébellion à partir de 2009, elle est nommée ministre de la Communication et porte-parole adjointe du gouvernement en novembre 2012.
En 2004, elle rencontre Georges Weah à Paris par l’entremise d’un ami commun. Le contact avec l’ancien footballeur ne sera jamais rompu. En janvier 2018, elle représente Soro à l’investiture du nouveau président du Liberia, revèle Jeune Afrique.
Affoussy Limogée
Élue députée d’Abobo en 2012, elle est le choix du Rassemblement des républicains (RDR) pour mener la liste du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) dans la commune de Cocody, lors des législatives de décembre 2016. Battue par Yasmina Ouégnin, elle est limogée du gouvernement quelques semaines plus tard et prend du recul pendant plusieurs mois.
Sa complicité exceptionnelle avec Soro, dérange. En juillet 2020, alors qu’ils sont en exil en France, une persistante rumeur envahi la toile faisant état d’une grossesse d’Affoussiata Bamba-Lamine, dont l’auteur serait Guillaume Soro. Mais pour répondre à ses détracteurs, le président de GPS a simplement publié une photo de lui avec son épouse légitime, Sylvie Tagro.
Proche de Laurent Gbagbo, avant de soutenir Alassane Ouattara en 2010, puis de devenir l’un des opposants au président ivoirien, son père, le professeur Bamba Moriféré, est une figure politique respectée. Son cousin Yacouba Bamba a été porte-parole de la commission électorale lors de l’élection présidentielle de 2010. Enfin, son grand-père, El Hadj Tiemoko Bamba, fut l’un des fondateurs du Syndicat agricole africain.
Aujourd’hui, Affoussiata Bamba-Lamine revendique toujours, à qui veut l’entendre, son attachement à Guillaume Soro et aux Forces nouvelles (FN), car les fleurs de l’amitié ne se fanent jamais.