Grah Ange Olivier, ex-magistrat ivoirien en exil, s’est invité dans l’affaire du viol dans lequel serait impliqué Koudio Konan Bertin dit KKB, ministre en charge de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale. Dans une contribution publiée sur les réseaux sociaux, l’ancien président de l’ Association des magistrats ivoiriens fait remarquer qu’en Côte d’Ivoire, les membres du gouvernement bénéficient de l’impunité.
Affaire viol d’une artiste par KKB – Grah Ange Olivier : « Qu’on nous explique par quelle opération du saint esprit la seule dénonciation de ces faits n’a encore aucune conséquence en termes de démission du Ministre où sa révocation »
Il faut arrêter cette campagne nauséabonde à laquelle un certain journal en ligne participe, visant à faire interpréter la volonté de l’artiste camerounaise et de son concubin de transiger avec son présumé bourreau comme du chantage, sans prendre la peine de s’interroger sur la réalité des faits dont elle accuse le Ministre. Il faut savoir que les faits de viols même portés devant un tribunal finissent toujours pour la victime appelée partie civile par cette question : quelle somme voulez-vous à titre de dommages-intérêts ? Suite au montant qu’elle aura réclamé, le juge si les faits sont établis, lui allouera en fonction de son évaluation du préjudice moral et physique, un montant déterminé à titre de dédommagement.
(…) Qu’on nous explique par quelle opération du saint esprit la seule dénonciation de ces faits n’a encore aucune conséquence en termes de démission du Ministre où sa révocation, à tout le moins sa suspension du Gouvernement. Comment peut-on reprocher à une femme victime d’un viol d’essayer de régler cette affaire par une transaction pour ne pas en ressortir sans aucun dédommagement quand rien ne garantit le déclenchement d’une procédure judiciaire alors que son honneur, sa dignité et sa réputation sont susceptibles d’être entachés par la révélation des faits sur la place publique. La réaction de ces soi-disant moralisateurs à deux balles qui essaient de la salir en l’accusant de tentative de chantage ou de commercialisation de sa dignité, sans chercher à vérifier la véracité des faits qu’elle impute au Ministre, lui donne entièrement raison d’avoir privilégié la voie de la transaction.
Enfin que les incultes qui ne connaissent pas l’état du droit sur la possibilité d’introduire une plainte contre un Ministre de la République sachent qu’en ne procédant pas à l’installation de la Haute Cour de Justice, le Président Alassane Ouattara et le Parlement, privent tout citoyen ivoirien victime d’une infraction commis par un Ministre du droit d’obtenir justice et réparation pour les faits qu’il a subis. En effet l’article 158 de la Constitution dispose que « la Haute Cour de Justice est compétente pour juger le vice-Président de la République et les membres du Gouvernement, en raison des faits qualifiés crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Il s’ensuit que cette omission volontaire d’installer cette juridiction prive l’artiste camerounaise de la possibilité dans l’état actuel des choses du droit de porter plainte contre le Ministre KKB. Seule la révocation de ce dernier ou sa démission peuvent faire changer les autres. Il faut retenir quels que soient les crimes commis par les membres du Gouvernement, y les assassinats, meurtres et empoisonnement y compris, l’impunité leur est garanti.