La diplomatie française échoue à l’ONU, où la Russie et la Chine ont bloqué mardi un appui du Conseil de sécurité à des sanctions décidées par la CEDEAO contre la junte au pouvoir au Mali.
Le Mali échappe à une résolution du Conseil de sécurité grâce au véto de la Russie et de la Chine
La crise au Mali se déporte à l’ONU. La Russie et la Chine ont fait valoir mardi leur droit de veto sur un projet de résolution soutenant les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Conseil de sécurité.
La France a vu rejeter son texte visant à obtenir une position unie du Conseil de sécurité de l’ONU à l’égard de la junte au pouvoir au Mali, mardi à New York.
Lundi, la Russie avait réclamé de la «compréhension» à l’égard des autorités maliennes, au lendemain des sanctions inédites prises par la CEDEAO comme la fermeture des frontières et les mesures économiques et financières.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a quant à lui accusé mardi les mercenaires du groupe russe Wagner de «soutenir» la junte au pouvoir au Mali sous le couvert de luttes anti-djihadistes. «Ce qui se passe au Mali est une véritable fuite en avant de la junte au pouvoir qui, au mépris de ses engagements, souhaite confisquer le pouvoir pendant des années et priver le peuple malien de ses choix démocratiques », a-t-il ajouté. « Cette junte illégale se proposait de tenir en otage la population malienne » pendant cinq ans, a-t-il poursuivi, en référence au report des élections, initialement prévues en février, destinées à ramener les civils au pouvoir.
L’ambassadeur du Kenya à l’ONU, déçu
Lors de la réunion publique du Conseil, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, avait au préalable rejoint la position de l’Union européenne pour affirmer que Washington refusait une transition au Mali qui durerait cinq ans, comme proposé par la junte. Elle avait également soutenu clairement les sanctions supplémentaires décidées par la CEDEAO. «Nous exhortons le gouvernement de transition à tenir son engagement envers le peuple malien de ramener son pays à la démocratie », a-t-elle affirmé. «Une transition de cinq ans n’est pas dans son intérêt et prolonge la douleur du peuple», a ajouté la diplomate américaine en réclamant des élections «libres, équitables» et «transparentes».
« Nous sommes déçus », a déclaré à des médias l’ambassadeur du Kenya, Martin Kimani, à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité, suivie de consultations à huis clos. Il a précisé que les pays africains dans l’instance (outre le Kenya, le Gabon et le Ghana) avaient jugé le texte proposé «relativement doux». Selon une source diplomatique, la déclaration se bornait à parler d’un «soutien aux efforts de médiation de la CEDEAO».
Dans une déclaration lue au nom des trois membres africains du Conseil, l’ambassadeur du Kenya a défendu les sanctions de la CEDEAO qui visent à faire «accélérer la transition» au Mali et à revenir à un ordre constitutionnel et civil. Ces mesures n’entravent pas l’aide humanitaire à la population malienne, a insisté Martin Kimani.