Côte d’Ivoire-La terre dans un de ses inlassables mouvements, achèvera dans quelques jours, celui de la révolution ou de la translation, mettant fin à un cycle et entamant un autre.
Côte d’Ivoire : Le discours de fin d’année de Ouattara, attendu
Pour les humains, ce sera la fin d’une année et le début d’une autre. Ce sera également, l’occasion pour chacun de faire le bilan des 365 jours et nuits passés, d’en tirer les leçons, de prendre des résolutions et de faire des projections pour la nouvelle année.
2022 s’en ira donc, charriant avec elle tous les vœux que nous fîmes à son apparition.
2023 apparaitra, cristallisant en elle, nos nouveaux vœux, nos nouveaux souhaits et nos nouvelles espérances. C’est un rituel devenu banal auquel nous ne nous empêchons pas de sacrifier.
Nous sommes-nous assurés que les vœux de l’année écoulée se sont réalisés ? Les souhaits émis ont-ils été accomplis ? Nos espérances ont-elles été satisfaites ?
Qu’importe ? L’année prochaine, nous ferons la même chose.
Dans quelques jours, nous aurons également droit au message du chef de l’Etat à la nation. Sans surprise, et comme les années écoulées, nous aurons droit aux mêmes vœux formulés à notre endroit, les mêmes promesses d’amélioration de notre quotidien et partant de notre condition de vie, sans oublier les belles perspectives qui nous attendent. Tout ceci dans une autosatisfaction et une autocélébration devenues lassantes et ennuyeuses, du fait de leur récurrence.
Il nous sera asséné que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et des gestes de bonne volonté et d’apaisement seront pris, comme la libération de certains prisonniers.
Mais des interrogations demeureront toujours. Le niveau de vie des Ivoiriens a-t-il évolué ? Dans quel sens ? Ressentent-ils toutes ces améliorations sur leur quotidien qu’on leur chante à longueur de journée et d’années?
Se soignent-ils mieux dans des hôpitaux au plateau technique relevé ?
2022 a été une année riche en événements pour la Côte d’Ivoire. Il serait fastidieux de faire un bilan exhaustif.
Mais avant ce bilan qui sera fait par le chef de l’Etat, une armée de cyber activistes, s’est chargée de nous en donner les prémisses. Pas un jour ne passe sans qu’on ne nous présente des images reluisantes des immeubles d’Abidjan, des ponts, des routes bitumées, des péages, des autoroutes avec l’image du chef de l’Etat baptisé pour ces faits de « bâtisseur ».
Cela est juste, mais s’arrêter à ces images et à leurs desseins inavoués, laissera croire que l’Ivoirien vit un paradis terrestre où coulent le lait et le miel.
Côte d’Ivoire : Des activistes au service d’Alassane Ouattara
D’autres activistes ont tout aussi mis en évidence, le revers de la médaille, l’autre face de la réalité quotidienne des Ivoiriens en 2022.
Ils nous apprennent que :
– 3 kg de cacao, ne permettent pas de s’offrir un kg de viande de bœuf
– 2 kg d’hévéa ne peuvent pas permettre d’acheter 1 kg de riz
– 3 kg d’hévéa ne suffisent pas à l’achat d’un bidon d’huile.
Tout ceci pour signifier qu’au-delà des grands travaux qui font la fierté de certains, le quotidien des Ivoiriens rime toujours avec une paupérisation grandissante, due à l’extrême cherté de la vie. Peu sont ceux des Ivoiriens qui peuvent s’offrir deux repas par jour.
2022, c’est également l’affaire de la rocambolesque odyssée de 49 militaires ivoiriens, qui se sont retrouvés au Mali dans des conditions non encore élucidées et incarcérés par les autorités maliennes.
Après avoir bandé les muscles, donné des ultimatums, s’être adossée à l’Onu et à la Cedeao pour mettre la pression sur le gouvernement de transition malien, qui est resté inflexible, la Côte d’Ivoire est revenue au dialogue et à la négociation avec le Mali pour la libération des 46 militaires, le Mali ayant déjà libéré 3 d’entre eux.
Mais le paradoxe en ce 2022 mourant, c’est qu’on négocie la libération de 46 militaires à l’étranger, et on offre 46 titulaires de doctorats, menottés comme des criminels en holocauste à un juge, pour qu’il les juge et les condamne, juste pour avoir organisé une marche pacifique pour leur recrutement à la Fonction Publique.
Le spectacle de voir ces jeunes ivoiriens menottés, pour une revendication, à travers une marche pacifique, est désolant et surtout révoltant.
Quand on pense à ces directeurs généraux comme Diaby Lanciné du FER, Yapi Ange Désiré de la NPSP, Ouattara Youssouf de l’AGEDI, Bilé Diéméléou de l’ARTCI ou Coulibaly Lamine de l’AGEF, convaincus de malversations et de détournements de deniers publics, qui se la coulent douce chez eux, avec ce qu’ils ont frauduleusement soustrait au peuple ivoirien, sans connaître les délices de l’univers carcéral, à l’exception de Coulibaly Lamine, on en vient à désespérer de notre pays et à croire que la justice n’est pas juste.
En ce 2022 finissant enfin, c’est la ruée vers le Rhdp de nombreux cadres du Pdci et d’autres personnalités bien connues, le plus souvent en fin de carrière professionnelle, ou en manque de visibilité quant à leur avenir politique. Qui mieux que le Rhdp peut aujourd’hui trouver des réponses à leurs préoccupations existentielles ?
Ainsi va le pays.
Assurément la marche sera encore longue, la traversée difficile et la transpiration abondante, mais le peuple y est désormais habitué.
2022 s’en va, que nous réservera 2023, Demain nous situera.
Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours, et l’ivraie sera séparée du vrai.