En Côte d’Ivoire depuis plus de 20 ans où il a investi dans plusieurs secteurs d’activités dont le BTP, Amry Youssef, entrepreneur d’origine tunisienne, suit de très près, les violences qui ont court dans son pays la Tunie contre les ressortissants africains subsahariens.
Amry Youssef à propos des violences en Tunisie contre des Ivoiriens: « Je fais confiance au Président Ouattara qui saura gérer cette situation »
Le 21 février 2023, Kais Saied, le président tunisien, affirmait que la présence de «hordes» d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de «violence et de crimes» et relevait d’une «entreprise criminelle» visant à «changer la composition démographique» de la Tunisie. Après ce discours condamné par des ONG qui l’ont qualifié de «raciste et haineux», des ressortissants d’Afrique subsaharienne, devenus l’objet d’agressions physiques, se sont précipités par dizaines à leurs ambassades respectives pour être rapatriés.
Selon Lefigaro, quelque 21.000 Subsahariens sont recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière. Des dizaines ont été arrêtées lors de contrôles policiers au faciès. De nombreuses agressions physiques ont été recensées et des migrants ont témoigné auprès d’ONG avoir été pourchassés et détroussés par de véritables «milices». Après cinquante Guinéens, mercredi dernier, environ 300 Ivoiriens et Maliens ont été rapatriés, samedi, pour échapper à ce que plusieurs témoins ont décrit comme «un déferlement de haine» depuis les déclarations du président tunisien.
Préoccupé par cette situation qui n’honore pas son pays d’origine, Amry Youssef, ressortissant tunisien installé depuis une vingtaine d’années en Côte d’Ivoire, a dénoncé l’escalade de violence envers des « frères» africains par des individus qui ne représentent pas le « peuple tunisien ».
«Nous sommes en Côte d’Ivoire depuis plus de 20 ans. On a investi dans plusieurs domaines et nous n’avons aucun souci ici en Côte d’Ivoire. Nous sommes tous africains. Il n’y a aucune différence entre Tunisiens, Maliens, Ivoiriens, etc. Nous sommes tous des frères. Cette situation va passer. Je fais confiance au président Ouattara qui saura gérer cette situation avec les autorités tunisiennes. Ces actes de violences ne sont pas la volonté du peuple tunisien mais de certains individus », a dénoncé l’opérateur économique.
Les nouvelles mesures prises par le gouvernement tunisien pour « redonner aux étrangers tous leurs droits »
Saluant les nouvelles mesures prises par le gouvernement tunisien pour « redonner aux étrangers tous leurs droits », Amry Youssef a insisté sur l’hospitalité du peuple tunisien. « Il y a une grande partie de Tunisiens qui viennent de l’Afrique subsaharienne; une bonne partie des populations du sud de la Tunisie, sont de couleur noire. Je compte sur la sagesse des différents peuples pour régler cette situation. Cette image ne reflète pas l’amour du peuple tunisien. Le peuple tunisien est un peuple accueillant », a-t-il insisté.
La présidence tunisienne a annoncé, dimanche 5 mars, des «mesures pour améliorer la situation des étrangers en Tunisie et faciliter les procédures» de régularisation de leur situation. Il s’agit, entre autres, «de délivrer des cartes de séjour d’un an aux étudiants ressortissants de pays frères africains pour faciliter leur séjour et leur permettre de renouveler périodiquement leurs documents». En outre, les autorités ont décidé de «prolonger les attestations de résidence de trois à six mois», pour des personnes venant de nombreux pays subsahariens comme la Côte d’Ivoire qui bénéficient d’une exemption de visa de trois mois à l’entrée en Tunisie.
La Tunisie souhaite aussi «faciliter les opérations de retour volontaire dans un cadre organisé et en coordination avec leurs missions diplomatiques». Ces candidats au retour volontaire, seront «exemptés» des pénalités s’élevant à 80 dinars par mois (25 euros), dépassant pour certains les 1.000 euros. Les autorités ont promis aussi de renforcer l’accompagnement et l’assistance sanitaire et sociale aux migrants par l’intermédiaire du Croissant-Rouge, tout en cherchant à «lutter contre toutes les formes de traite humaine et l’exploitation des migrants irréguliers» à travers une intensification des contrôles. Un numéro vert pour les «résidents des pays frères africains» a été créé pour «signaler toute violation à leur encontre».