Dans moins d’un an, se tiendra en Côte d’Ivoire, l’élection couplée des municipales et des régionales. Et déjà, l’effervescence gagne les états-majors des partis politiques. Tout le monde s’apprête pour être au rendez-vous, lorsqu’il s’agira de se mettre sur le starting-block.
Côte d’Ivoire: Qu’est-ce qui justifie ce déséquilibre constaté en faveur des départements, réputés être les bastions du Rhdp ?
Depuis quelques jours, des appels fusent de toutes parts, pour inviter les ivoiriens soit, à s’inscrire sur la liste électorale, soit à la consulter pour vérifier si l’on y est. La population la plus sollicitée est celle des nouveaux majeurs. Chacun y va de sa méthode pour faire inscrire le maximum de personnes, même si dans l’absolu, il est difficile d’en faire des électeurs acquis. Si pour le moment, on ne déplore aucun incident, il serait souhaitable que cette atmosphère demeure et se poursuive jusqu’à la fin de toutes les joutes électorales. Pour y arriver, il serait nécessaire que tout le monde s’accorde sur le modus operandi et sur tous les éléments qui accompagnent les élections. Il faudra de ce fait, crever tous les abcès et trouver des réponses à tous les problèmes qui fâchent, et qui divisent les ivoiriens depuis des années.
Ces problèmes sont connus et reviennent à toutes les élections, juste parce que les solutions proposées n’ont jamais été les bonnes. L’une des pommes de discorde réside dans la composition de la Commission Electorale Indépendante (Cei), la structure en charge de l’organisation des élections. Depuis des années, l’opposition ivoirienne dans son entièreté et dans sa diversité, réclame à cor et à cri une composition équilibrée de la structure en charge des élections, et surtout que celle-ci se tienne à équidistance de tous les partis politiques. Si dans le principe, tout le monde s’accorde sur la nécessité de revoir, voire de reformer la Cei, dans la pratique, les décisions du gouvernement à cet effet donnent le tournis, et mettent en évidence son soucis de conserver la position dominante du parti au pouvoir.
Quid du découpage électoral!
A titre d’exemple, il y a quelques années, lorsqu’il s’était agi de désigner un représentant des partis de l’opposition pour siéger dans les instances dirigeantes de la Cei, le gouvernement n’a trouvé mieux que de nommer une dame qui, quelques jours plus tôt, avait déposé ses bagages au Rhdp. Le gouvernement n’a même pas eu l’élégance de laisser la latitude à l’opposition de choisir son représentant ! Cette façon d’opérer, et l’intransigeance observée des députés du Rhdp, à rejeter toutes les propositions de l’opposition relatives à la composition de la Cei, ne sont pas de nature à convaincre plus d’un, de la neutralité de cette institution. Et cela n’est pas de bon augure.
L’autre problème auquel il faudra également trouver une solution qui puisse satisfaire tout le monde, est le découpage électoral, en ce qui concerne l’élection législative. Le découpage opéré sous la direction de l’ancien ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur puis premier ministre, feu Hamed Bakayoko, est des plus déséquilibré. Il donne une avance confortable au Rhdp, dans les départements considérés à tort ou à raison comme ses zones d’influence, avant même la compétition. Examinons quelques exemples pour étayer nos propos.
DEPARTEMENT – NOMBRE D’HABITANTS – NOMBRE DE SIEGES
MANKONO – (210 000 ) – (4)
YAMOUSSOUKRO – (300 000) – (3)
ODIENNE-SAMATIGUILA – (100 264) – ( 5)
DAOUKRO – (112 188) – ( 3)
KANIASSO-MINIGNAN – (89 000) – ( 2)
BLOLEQUIN – (123 000) – ( 2)
SEGUELA – (198 445) – ( 4)
DIVO – (387 000) – ( 3)
KONG – (87 929) – ( 3)
ADIAKE – (100 445) – ( 1)
Qu’est-ce qui justifie ce déséquilibre constaté en faveur des départements, réputés être les bastions du Rhdp ? Ce déséquilibre sciemment opéré, qui permet au Rhdp de disposer d’une majorité mécanique à l’Assemblée nationale, ne peut plus prospérer. Cela laisse penser que certaines localités sont plus importantes que d’autres, et est absolument inacceptable dans un pays censé être démocratique. Il y a donc une absolue nécessité de revoir ce découpage. Outre le découpage électoral, il y a enfin lieu de faire un audit de la liste électorale, si tant est que la transparence anime tous les acteurs, et qu’il n’ y a rien à cacher.
Beaucoup de choses, vraies ou fausses ont été dites relativement à cette liste ; notamment la présence de nombreux étrangers. Pour mettre tout le monde d’accord, il ne serait pas superflu de croiser la liste électorale ivoirienne avec celle du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée. Cela aura l’avantage de lever tous les doutes et permettre aux ivoiriens d’aller aux élections en toute sérénité. Faisons-le pour demain. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.