Laurent Gbagbo a effectué son grand retour en Côte d’Ivoire le jeudi 17 juin 2021. Ex-chef d’Etat ivoirien de 2000 à 2011, il a été jugé puis acquitté par la CPI (Cour pénale internationale) pour des faits de crimes contre l’humanité. L’historien crie à qui veut l’entendre qu’il s’est fait sa propre place dans la politique.
Laurent Gbagbo envoie une pique à ses détracteurs
Dans l’avion qui le transportait à Abidjan le jeudi 17 juin 2021, Laurent Gbagbo devrait sans doute se réjouir de la belle victoire qu’il prenait sur l’histoire. L’homme politique ivoirien qui a quitté son pays fin novembre 2011 pour La Haye, revient auprès des siens en héros. Le fondateur du FPI (Front populaire ivoirien) et son protégé Charles Blé Goudé ont été définitivement acquittés en mars 2020 après un procès marathon.
Laurent Gbagbo est considéré par de nombreux Ivoiriens comme étant le père du multipartisme en Côte d’Ivoire. Il a d’abord fait ses armes au sein du SYNARES (Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur) dans les années 1970. À cette époque, le syndicaliste est emprisonné à deux reprises par le pouvoir de feu Félix Houphouët-Boigny. En 1985, l’opposant ivoirien entame un exil en France. Il y reste jusqu’au 13 septembre 1988 où il regagne Abidjan.
Le 18 février 1992, Laurent Gbagbo connait encore la prison alors qu’Alassane Ouattara est le Premier ministre du « vieux ». Il protestait contre l’interpellation de plusieurs étudiants de la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), dont Ahipeaud Martial. Quand le pouvoir passe aux mains d’Henri Konan Bédié à la mort d’Houphouët-Boigny le 7 décembre 1993, Laurent Gbagbo continue de mener son combat politique pour la conquête du fauteuil présidentiel. Il va falloir attendre sept ans pour assister à l’arrivée au pouvoir du « Woody » de Mama.
En 2000, Gbagbo remporte l’élection présidentielle devant le président sortant feu Robert Guéi. Au regard de son parcours politique, Laurent Gbagbo est convaincu d’avoir obtenu une place dans la politique par le seul fait de son combat. C’est d’ailleurs ce qu’il a confié à Paris Match lors de son vol le jeudi 17 juin 2021 pour Abidjan. « Je n’ai pas hérité d’une place politique. Depuis tout petit, j’ai dû me battre. Quand je parle du peuple, ce n’est pas une parole en l’air », a déclaré l’ancien détenu de La Haye.