Plus de 24 familles, victimes des travaux de la route reliant le CHU Angré à la Cité SIR, qui ont vu leurs biens rasés par les buldozers de l’AGEROUTE, crient leur indignation auprès de l’Etat de Côte d’Ivoire. Ils attendent maintenant depuis deux ans leurs indemnisations qui s’élèvent à un moment total de 600 millions de F CFA. Ce mardi 28 septembre 2021, ils ont organisé une marche de protestation pour demander à l’AGEROUTE et à l’Etat de Côte d’Ivoire, le reversement de leurs indemnités de déguerpissement. Dans une déclaration lue par leur porte-parole, Mme THÈS Séa Léonie, ils invitent l’Etat de Côte d’Ivoire à se pencher sur le cas de ces familles qui dorment dans les rues depuis maintenant 02 ans. Ci-dessous l’intégralité de l’intervention.
Les victimes des travaux de la route CHU Angré – Cité SIR : « Nous ne demandons pas l’aumône à l’État, nous exigeons que nos droits soient respectés et que nous soyons indemnisés »
Le 6 septembre 2019, alors qu’aucun préavis n’a été porté à la connaissance des propriétaires de terrains qui, dit-on seraient sur la voie à construire entre le CHU Angré et la Cité SIR, nos patrimoines constitués pour certains de terrains nus et pour d’autres d’habitats ont purement et simplement été détruits. En dépit de cette attitude qui frise le mépris et le manque de considération, nous avons toutefois décidé de prendre langue avec le Fonds d’Entretien Routier (FER) et l’AGEROUTE, ordonnateurs des travaux. Les discussions qui ont suivi, ont conduit à la signature le 9 mars 2020 des PV de négociation.
Alors que nous croyons amorcer le processus de dédommagement suite aux importants préjudices subis, que ne fut notre surprise de voir nos interlocuteurs se murer dans un silence total pendant un peu plus d’une année. Le 31 mai 2021, soit 15 mois après notre dernier échange avec l’AGEROUTE, nous décidons d’adresser à cette structure de l’État un courrier qui restera sans suite. 3 autres courriers suivront avant une rencontre avec le Directeur Général de l’AGEROUTE le 23 juin. De cette rencontre plusieurs engagements seront pris par cette société d’État, dont le paiement des indemnisations au plus tard le 23 septembre, soit dans 3 mois. Comme c’est le cas depuis septembre 2019, une fois encore nous avons fait l’amer constat que rien n’a été fait.
Devant ce qui s’apparente à de la mauvaise foi doublée d’un mépris total, nous n’avons d’autre issue que d’occuper cette partie de la voie qui en réalité n’est que l’annexion de notre patrimoine. Nous sommes certes fiers de tous ces travaux qu’effectue l’Etat et dont la finalité est de donner un visage rayonnant du développement dans lequel le pays a décidé de s’engager. Toutefois, nous estimons que cela ne saurait se faire au mépris de la dignité humaine et contre toute forme de bon sens et de justice. Aujourd’hui, ce sont plusieurs dizaines de familles qui sont à la rue, certains parmi nous sont décédés faute de moyens financiers pour prendre en charge leurs soins, des familles sont disloquées. Devant un tableau aussi sombre, nous n’avons d’autre choix que de dire : ÇA SUFFIT. Nous ne demandons pas l’aumône à l’État, nous exigeons que nos droits soient respectés et que nous soyons indemnisés.
Fait à Abidjan, le mardi 28 septembre 2021
Info: Nicaise B.