Journaliste, Human Rights Consultant, Ben Ayoub pense que l’attitude de certains confrères journalistes suite à l’éclatement du scandale des Pandora Papers, impliquant de hautes personnalités à l’échelle mondiale, dont le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, laisse à désirer. Dans la publication ci-dessous, l’ancien journaliste du quotidien L’Expression, rappelle à qui mieux mieux, le rôle de la presse dans la société et lance un avertissement.
Ben Ayoub (Journaliste, Human Rights Consultant): « Pandora Papers: Pourquoi Assalé Tiémoko n’aurait pas dû « liquider » son journaliste Noël Konan »
En Côte d’Ivoire, le journaliste d’investigation, Noël Kouassi, qui a cherché à comprendre le degré d’implication du Chef du Gouvernement, Patrick Achi, dans cette affaire « rocambolesque digne d’un film de paradis fiscal » a été aussitôt lâché et désavoué par son employeur, L’Éléphant Déchaîné. Le 5 octobre dernier, le big boss du canard, Antoine Assalé Tiémoko, s’est empressé de « liquider » son collaborateur sur les antennes de la RTI, et dans un Communiqué officiel du Journal. Pourquoi tant de frénésie de la part du Député-Maire, pourtant connu pour son franc-parler et ses positions courageuses sur les questions d’intérêt public? Je me suis moi aussi posé cette question. Avant de réaliser que voler au secours de gros bonnets du Gouvernement est devenu un réflexe pour certains confrères et surtout des patrons de presse.
En juin 2020, lorsque les journalistes de Vice Media, Nicholas Ibekwe et Daans Bauwens, avaient cité le Premier Ministre ivoirien d’alors [Hamed Bakayoko dit Hambak, RIP] dans une affaire de stupéfiants, il s’est trouvé des journalistes dont le même Assalé Tiémoko en tête, pour tenter de « démonter » le travail des confrères sur des bases aussi légères que l’origine ou le sens « d’Assinie Mafia ». Cette propension à vouloir noircir ses confrères ou ses collaborateurs est bien étrange venant de quelqu’un qui se réclame journaliste d’investigation et chantre du « Ni proche de celui-ci, encore moins de celui-là ». J’ai fortement ressenti le besoin et la nécessité d’en parler, non par malveillance, ni par esprit de polémique mais par devoir.
Ce même devoir qui commande qu’on accorde le bénéfice du doute aux autorités mises en cause ainsi que l’opportunité de se blanchir face à d’éventuelles accusations gratuites. Pour rappel, la presse ne crée pas des informations, elle les rapporte. « Notre puissance, soutient Leonard Downie, ex-Directeur de la Redaction du Washington Post, réside dans la découverte des faits ». Aux Etats-Unis, le Premier Amendement à la Constitution garantit la Liberté de la Presse. Les Journalistes doivent être protégés et non jetés en pâture par leur Rédaction comme cela se fait de plus en plus sous nos cieux. Parmi les faits que les journalistes recherchent, il y a ceux qui concernent le Gouvernement.
Le travail de la presse consiste à rendre les autorités responsables devant l’électorat. « Il faut leur demander des comptes; si nous n’avions que de bons gouvernements, nous écririons des articles sur leurs succès. Mais s’il y a des problèmes aussi bien que des réussites, notre devoir est de rendre compte des uns comme des autres », explique Leonard Downie. Malheureusement, la presse est parfois accusée d’aller trop loin dans sa recherche des informations. Et l’ironie dans tout ça, c’est lorsque d’autres journalistes sont utilisés pour discréditer leurs pairs, quand ils sont incapables de les réduire au silence. À tous ces confrères visiblement « en mission », il faudra peut-être rappeler ceci: La presse et le gouvernement sont des adversaires naturels dont les fonctions diffèrent, chacun devant respecter le rôle de l’autre.
Ben Ayoub
Journaliste, Human Rights Consultant