L’ élection à la FIF continue de cristalliser les tensions. Puisque la candidature de Didier Drogba paralyse le processus électoral, la maison du football ivoirien devrait peut-être penser à la jurisprudence de l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire en 2010.
Élection à la FIF: Et si on appliquait la jurisprudence de la présidentielle de 2010?
Depuis quelques temps, la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) est dans la tourmente. Les acteurs de la faitière de notre football n’arrivent pas à s’accorder sur les principes devant conduire à l’élection du successeur du défunt président, M. Sidy Diallo.
Trois candidats sont en course pour occuper le fauteuil laissé vacant. Ce sont : messieurs Sory Diabaté, Idriss Diallo et Didier Drogba.
De toutes ces candidatures, celle de l’ancien capitaine des Eléphants cristallise le débat et déchaine les passions. Si au sein de l’opinion nationale, cette candidature a la faveur et la sympathie de nombreux ivoiriens, dans le milieu du football et dans la presse, des voix s’élèvent pour affirmer que Didier Drogba n’est pas la personne idoine devant conduire la destinée du football ivoirien.
Des reproches qui ne font pas le poids
De nombreux reproches lui sont faits pour cette Election FIF, dont certains sont à la limite du ridicule.
Ainsi il est dit que l’ancien capitaine des Eléphants ne connait pas les rouages et le fonctionnement de la Fif, qu’il n’a jamais aidé les clubs du championnat national, qu’il n’assiste jamais aux matches de ce championnat, et cerise sur la gâteau, l’homme serait avare et très près de son argent.
Ces reproches sont, reconnaissons-le de peu de poids. Aucun président de la Fif n’a eu à gérer cette organisation avec sa fortune personnelle, et il ne revient pas à un individu d’aider des équipes du championnat national, si le cœur ne lui en dit pas.
Mais ne nous leurrons pas. La candidature de Didier Drogba est une candidature de rupture. Elle est vue par certaines ivoiriens comme un cheveu sur la soupe, quand les autres sont étreints par la peur du changement et des lendemains incertains qui seraient les leurs. Des trois candidats, deux sont du sérail : messieurs Sory Diabaté et Idriss Diallo ont depuis longtemps gravité autour de la Fédération Ivoirienne de Football, de la présidence de Dieng Ousseynou à Sidy Diallo en passant par Jacques Anouma.
Élection FIF : Les Ivoiriens rêvent de rupture
Aujourd’hui, nombreux sont les ivoiriens qui rêvent de rupture et voient en la candidature de Drogba, l’opportunité de voir leur rêve se réaliser, nonobstant les nombreuses critiques qui fusent de partout, y compris de certains coéquipiers de l’ancien capitaine des Eléphants.
Mais en écoutant ces derniers, il est extrêmement difficile de cerner ce qu’ils reprochent véritablement à leur ancien coéquipier. Mais c’est leur droit le plus absolu de ne pas être d’accord et personne ne le leur reproche.
Cependant, il est difficilement compréhensible, que les critiques ne portent pas sur le programme et le projet que porte Didier Drogba, mais se focalisent sur ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas, ce qu’il a fait ou ce qu’il n’a pas fait. Et c’est cela qui est désespérant !
L’argument massue que croient détenir les adversaires de Drogba, c’est celui du parrainage nécessaire au regard des textes, pour être candidat. Didier Drogba selon ceux-ci, ne dispose pas du nombre requis. Alors, on lui reproche d’avoir instrumentalisé la Fifa, la Caf et l’Ufoa à l’effet d’opérer un passage en force, pour imposer sa candidature.
Election FIF : la jurisprudence de 2010 pour Didier Drogba ?
Mais on ne doit pas avoir la mémoire courte. La jurisprudence en matière de candidature litigieuse et finalement acceptée pour une élection, existe chez nous et même au plus haut niveau.
Pour rappel, avant l’élection présidentielle de 2010, sous la pression de la « communauté internationale », la Côte d’Ivoire a dû adapter ses textes, avec la mise en œuvre de l’article 48, pour permettre à ceux qui avaient quelques difficultés avec la Loi Fondamentale, d’être candidats.
Il eut ainsi une « candidature exceptionnelle », qui a permis d’aller aux élections en 2010, puis cette candidature s’est muée en « candidature dérivée » en 2015. Les élections eurent lieu et le ciel n’est pas tombée sur la tête des ivoiriens.
Si au plus sommet de l’Etat, il a fallu faire des adaptations et des accommodements pour que les élections se tiennent à la satisfaction de tout le monde, il n’y a pas de raison qu’à un niveau plus bas, on ne puisse pas en faire autant. La jurisprudence est là, il faut s’en référer et laisser tout le monde aller aux élections. Parallélisme des formes oblige.
Il reviendra aux seules personnes habilitées à voter, de choisir qui va conduire le football ivoirien vers des lendemains qui chantent. Faisons-le pour tracer les sillons de demain.
Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.