Une affaire de limoges ! C’est connu, les Ivoiriens ont l’humour caustique ! Ils prennent un plaisir à tourner en dérision, les situations les plus inextricables, les problèmes les plus sérieux auxquels ils sont confrontés, quels qu’ils soient. Ils en font des concepts, des challenges ou même des pas de danse. Tout y passe : grippe aviaire, sida, covid 19, situation politique, etc.
Limoges, la nouvelle destination des Ivoiriens ?
Ainsi, le panafricanisme décliné par le président Laurent Gbagbo au congrès constitutif du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), est devenu le « kpatafricanisme », en référence à l’appréciation du président, de la chanson « Ma copine est kpata » de l’artiste feu Skelly dont il a parlé lors des assises du congrès.
Hier, les Ivoiriens avaient encore remis le couvert. Ils ont affirmé avec humour que la ville de Limoges en France, s’était remplie d’Ivoiriens et non des moindres, qui y avaient élu domicile. Ce sont les directeurs généraux des entreprises publiques et parapubliques tombés en disgrâce et limogés à la suite d’audits diligentés dans les structures qu’ils dirigeaient. Ces audits ont mis en évidence, des malversations et des détournements de deniers publics, estimés à plusieurs milliards de franc CFA.
Limogés, ces directeurs généraux se retrouvent selon les Ivoiriens, devenus des habitants de Limoges. Aller à Limoges signifie donc être démis de ses fonctions. Sacrés Ivoiriens !
Au-delà de cette humour caustique, ces limogeages, quoi qu’intervenant si tard dans un monde si vieux, avaient été salués à sa juste valeur, alors qu’il est de notoriété publique, que nombre de directeurs des structures publiques confondaient depuis longtemps leurs poches et la caisse de leurs entreprises.
Certains se sont bâtis en peu de temps des « empires », et brillaient de mille feux. Ils étaient d’une générosité à nulle autre pareille, finançant à coup de millions des activités politiques, entretenant des cyber-activistes, sans que personne ne s’interroge sur l’origine de leur soudaine richesse. Ils ne sont pas des héritiers de fortune, encore moins ne disposent d’entreprises pouvant leur rapporter autant d’argent.
Il est si facile d’être généreux avec l’argent public !
C’est pourquoi, il était d’une nécessité absolue que la lutte contre ces malversations ne puisse pas s’arrêter au simple limogeage. Ces directeurs indélicats doivent non seulement répondre de leurs actes devant la justice, mais bien plus, rendre gorge et restituer au peuple ivoirien ce qui lui a été frauduleusement soustrait. Il faut en faire des exemples, pour dissuader d’autres d’avoir de telles velléités.
Si des Ivoiriens ont salué ces actes du chef de l’Etat, d’autres restent dubitatifs et s’interrogent encore, sur les critères qui ont présidé à la nomination de ces cadres à la tête des entreprises auditées, et en général à toutes les nominations dans l’administration. Pour ces derniers, ce qui est advenu, est le résultat des nominations fondées sur la théorie du « rattrapage », où les hautes fonctions doivent échoir à des militants d’un parti ou à des ressortissants d’une aire culturelle, au mépris de la compétence et de la probité morale, qui sont reléguées aux calendes grecques.
Limoger simplement des personnes qui se sont enrichies ou ont enrichi leur entourage, et les laisser jouir en toute quiétude de leurs fortunes malhonnêtement amassées, n’a aucun mérite particulier et parler de rigueur de gestion dans ce cas, est une insulte à l’intelligence des Ivoiriens.
Cependant, c’était déjà un bon début. Et nombre de personnes avaient souhaité que ces audits puissent s’étendre à tous les ministères et beaucoup de choses pas catholiques seront découvertes. Certains de ces ministères ont déjà été audités, il ne restait plus qu’à en rendre public les résultats. Si cela était fait, il est évident que la population de Limoges ira croissant, en accueillant encore de nombreux Ivoiriens et non des moindres.
Mais une année après ces décisions de limogeages, une épaisse fumée entoure désormais ces affaires. C’est le silence radio, et les Ivoiriens, se demandent bien ce que sont devenus ces directeurs convaincus de malversations et de détournements de deniers publics.
La justice si prompte à agir avec célérité quand il s’agit d’affaires politiques, s’est enfermée dans un mutisme et un silence de cimetière. Certainement que la procédure suit son cours et les enquêtes continuent. Mais les Ivoiriens veulent seulement savoir et ont le droit de savoir…
Aux dernières nouvelles, certains de ces directeurs indélicats, seraient sur le starting-block pour les joutes électorales à venir.
Si cela advenait, on en viendrait à désespérer de notre pays ; ce serait une prime à la malhonnêteté, à la médiocrité et un manque de respect aux Ivoiriens. Mais attendons de voir.
Certes il est bon que des Ivoiriens aillent s’installer à Limoges pour ce qu’ils ont fait, mais il serait tout aussi bon qu’ils aillent à Canossa…devant le peuple ivoirien, après lui avoir restitué ce qui lui a été pris. Demain nous situera.
Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.