Le mal mystérieux qui frappe depuis décembre 2022, Kpo-Kahankro, un village de Bouaké au centre de la Côte d’Ivoire, a fait 20 morts, principalement des enfants, selon un nouveau bilan obtenu jeudi par l’AFP de sources locales. Les autorités ivoiriennes annoncent 16 décès dont 13 enfants et 3 adultes.
Voici l’origine de la mystérieuse maladie qui décime le village Kpo-Kahankro, à Bouaké
Le Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle a animé une conférence de presse le lundi 6 février 2023 afin d’éclairer l’opinion sur les investigations menées dans le cadre de la curieuse maladie qui a causé des décès à Kpo-kahankro, une localité située non loin de Bouaké.
« Jusqu’au 26 janvier nous en étions à 12 morts. Jeudi le bilan s’est alourdi et nous enregistrons 20 morts dont deux adultes » alors que, jusque-là, « aucun adulte n’avait été atteint », a déclaré Paul Kouassi, président d’une association de jeunes du village de Kpo-Kahankro situé à une vingtaine de km de la ville du Bouaké.
Ce bilan a été confirmé par d’autres habitants du village. M. Kouassi a précisé que les adultes décédés étaient des femmes âgées de 60 à 70 ans, toutes deux mortes dans un hôpital de Bouaké « après avoir présenté les mêmes symptômes que les premiers morts, à savoir vomissements et diarrhées ».
Trente-trois habitants de Kpo-Kahankro ont également été récemment admis en urgence au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bouaké avec des symptômes similaires, selon des sources hospitalières.
Deux ministres s’étaient déplacés dans ce village en décembre 2022 après les premiers décès, et le 31 janvier 2023, le ministre de la Santé Pierre Dimba s’y est rendu pour faire une évaluation de la situation, selon M. Kouassi.
Face au mystère de ces décès et dans l’attente des résultats d’analyses qui tardent à venir, la thèse d’un acte de sorcellerie est mise en avant dans le village.
Le professeur Bénié Bi Vroh, directeur coordonnateur de l’Institut National de l’hygiène Publique( INHP), a indiqué que suite aux investigations menées dans cette zone, un germe a été découvert dans un endroit où était logé un fétiche installé dans le village de Kpo-kahankro.
Il a ainsi déclaré que 47% des victimes et 42% des décès liés à cette maladie seraient identifiés dans les environs de ce fétiche. Et, soucieux de faire la lumière sur ce drame, des échantillons, selon le professeur Bénié, ont été prélevés et acheminés à l’institut national de l’hygiène publique ( INHP), pour des analyses approfondies.
Ainsi, à en croire Professeur Dosso Mireille , directrice de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire ( IPCI), les analyses des échantillons venus de l’INHP ont permis de découvrir un clostridium, c’est-à-dire, une bactérie qui produit des toxines. Cette bactérie, selon elle, est à la base des infections qui ont causé plusieurs décès à Kpo-kanhankro.
Pour sa part, le Ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, Pierre N’gou DIMBA a fait savoir à l’auditoire qu’un système de prise en charge avancée a été installé dans ledit village, dès le premier signal de cette maladie.
Ce dispositif, aux dires du Premier responsable du système sanitaire ivoirien, composé d’infectiologues, d’épidémiologues, a permis, grâce à la qualité des soins, et surtout à la promptitude dans la prise en charge, de canaliser cette maladie et réduire considérablement le nombre de décès.
C’est pourquoi, du haut de sa tribune, le Ministre de la santé a saisi l’occasion pour adresser ses vives félicitations aux agents de la santé qui ont fait preuve de professionnalisme , d’abnégation et de résilience.
Il a par la suite ajouté qu’à la date d’aujourd’hui, parmi les 34 malades hospitalisés, 24 d’entre eux ont pu regagner leurs domiciles après la prise en charge sus- mentionnée. Fort donc de cela, il a affirmé sans sourciller que » la maladie est désormais sous contrôle « .