Le paysage politique de notre pays bruit avec l’élection couplée des municipales et des régionales dont la date vient d’être dévoilée par le gouvernement, et qui se tiendra le 2 septembre prochain.
Election couplée des municipales et des régionales : Vers des « combats » épiques entre les différents candidats dans plusieurs circonscriptions électorales
Les états-majors des partis politiques fourbissent leurs armes pour se lancer à l’assaut des électeurs, gagner leur confiance et glaner le maximum de sièges. Deux des grands partis du pays, le Ppa-ci et le Rhdp, ont d’ores et déjà dévoilé les noms de leurs porte-étendards qui seront sur le starting-block pour les communes et pour les régions. Il va sans dire que ce sont des « combats » épiques qui attendent les différents candidats dans plusieurs circonscriptions électorales.
Pour le Ppa-ci, c’est un test grandeur-nature, 18 mois après sa naissance pour évaluer son implantation sur le terrain et mesurer la portée de son discours auprès du peuple ivoirien. Pour le Rhdp, qui se considère comme le plus grand parti du pays, il s’agit de confirmer ce statut en s’arrogeant le plus grand nombre de sièges. Le Pdci, un autre des grands partis de ce pays, l’objectif n’est pas différent, en attendant la liste de ceux retenus pour porter son flambeau.
Si tout le monde s’accorde sur le fait que « la compétition » sera âpre, des doutes subsistent quant aux conditions équitables pour tous dans cette compétition, à la neutralité de l’arbitre et du juge de ces élections. Depuis des années, l’opposition ivoirienne dans son entièreté et dans sa diversité, réclame à cor et à cri une composition équilibrée de la structure en charge des élections. Elle demande surtout que la Commission Electorale Indépendante (Cei), c’est d’elle qu’il s’agit, se tienne à équidistance de tous les partis et de toutes les chapelles politiques.
Dans le principe, tout le monde s’est accordé sur la nécessité de revoir la composition la Cei, voire reformer celle-ci, principe mainte fois exprimé lors des sessions du dialogue politique, mais dans la pratique, les décisions du gouvernement à cet effet donnent le tournis. Celui-ci donne l’impression de freiner des quatre fers pour conserver la position dominante du parti au pouvoir. Les protestations de l’opposition se sont toujours brisées sur le parapluie du mépris du pouvoir en place. Si bien que rien n’a fondamentalement changé en ce qui concerne la Cei.
Un découpage électoral totalement déséquilibré à l’avantage du RHDP
Une fois encore, on ira aux élections avec une Cei déséquilibrée au profit du parti au pouvoir, laissant l’impression de faire du surplace. On prend les mêmes et on recommence. L’autre pomme de discorde, laissée en friche, est le découpage électoral. Depuis son accession au pouvoir, le pouvoir Rhdp a procédé à un découpage électoral totalement déséquilibré qui bénéficie à certaines régions et qui lèse d’autres. A l’observation, on se rend compte que les zones, à tort ou à raison considérées comme des bastions du Rhdp sont plus pourvues en sièges de députés ou de communes, sans une explication qui tienne.
Les exemples sont légions. Et récemment dans une interview accordée à une chaîne de télévision privée, un député de la nation est revenu sur la question avec des exemples édifiants. Pour corroborer ses observations, examinons quelques exemples de répartition des sièges de députés dans quelques départements, et la répartition des communes par zone géographique.
Ainsi :
– Le département de Mankono, avec une population de 210 000 habitants, dispose de 4 sièges de député
– Le département de Yamoussoukro avec une population de 300 000 habitants a 3 sièges
– Odienné-Samatiguila avec une population à 104 6624 habitants dispose de 5 sièges de députés
– Le département de Daoukro avec 112 188 habitants a 3 sièges
– Le département de Séguéla, avec une population de 198 445 habitants, a 4 sièges
– Le département de Divo, 387 000 habitants a 3 sièges.
Au niveau de la répartition des communes par zone, le même constat de déséquilibre est fait :
– Nord : 398 261 électeurs, 67 communes
– Sud : 2 584 858 électeurs, 59 communes
– Ouest : 468 778 électeurs, 31 communes
– Centre : 551 956 électeurs, 24 communes
– Est : 253 292 électeurs, 21 communes.
Qu’est-ce qui justifie ce déséquilibre ?
Il semble être fait sciemment pour permettre au Rhdp de disposer d’une majorité mécanique à l’Assemblée nationale et de rafler le maximum de communes. Cet état de fait ne peut plus prospérer. Il faut y remédier pour éviter les violences qui ont toujours émaillé les élections depuis 2011. Prendre les mêmes et recommencer, ne peut que produire les mêmes conséquences, avec à la clé des pertes en vies humaines. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai!