Annoncé depuis quelques jours, le retour d’Albert Mabri Toikeusse et de son parti politique l’UDPCI au sein du RHDP, est désormais effectif. Ce retour sonne comme un échec cuisant pour les Ministres Anne Désirée Ouloto, Vagondo Diomandé, Albert Flindé, Serey Do Célestin et autres. Explications.
Côte d’Ivoire: Mabri Toikeusse et l’UDPCI au RHDP pour garder l’ouest montagneux
« Nous avons connu dans notre parcours au RHDP des moments d’incompréhension. Au niveau de l’UDPCI, nous avons dû nous retirer en août 2020 de la maison à laquelle nous avons contribué à poser les piliers (…) Mais ce soir (jeudi 8 septembre 2022), je voudrais vous rassurer de la décision de tous les cadres et moi de reprendre notre place à vos côtés afin de venir vous soutenir dans le grand chantier de la réconciliation », a déclaré Albert Mabri Toikeusse au sortir de l’audience que lui a accordée, jeudi, le président de la République, Alassane Ouattara, par ailleurs président du RHDP.
Cette déclaration officielle vient mettre un terme à plusieurs mois de supputations sur le retour de l’UDPCI au sein de la coalition au pouvoir. Membre fondateur du RHDP, Albert Mabri Toikeusse s’y était retiré à la faveur de l’élection présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire à la suite de divergences de vues sur le choix du candidat devant représenter le parti présidentiel.
Alors 2ème vice-président du RHDP, Mabri Toikeusse s’était insurgé contre le choix de feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme successeur direct du président Alassane Ouattara.
L’échec politique d’Anne Ouloto, de Vagondo, Flindé, Serey Do et consorts
« Je suis un homme de conviction et je préfère dire ce que je pense. Monsieur le Président, vous êtes le fils du président Félix Houphouët-Boigny, qui nous a enseigné le dialogue. Nous nous appuierons sur le dialogue pour régler nos divergences. Ne prenons pas des engagements d’une heure dans une salle, qui par la suite ne reflèteront pas la réalité sur le terrain. Faites donc comme Félix Houphouët-Boigny. Travaillez à nous mettre en équipe », avait-il dénoncé.
Près de deux années plus tard, les lignes ont bougé. Mal aimée par les partis d’opposition dont le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié et le PPA-CI de Laurent Gbagbo, l’UDPCI a choisi le chemin de la raison, en rejoignant la coalition qu’il avait contribué à fonder en 2005 et à porter au pouvoir d’État en 2010. Mais le retour au RHDP du parti fondé par feu le général Robert Guéï, n’est pas fait dans le seul intérêt de l’UDPCI, comme veulent le faire croire les détracteurs de Mabri Toikeusse.
En effet, même si le parti arc-en-ciel verra bientôt l’ensemble de ses cadres être réhabilités au sein de l’administration publique, avec des postes ministériels pour certains ou des directions générales pour d’autres; ce qui permettra de renflouer à nouveau les caisses du parti, il ne faut pas oublier que le RHDP y gagne gros. Les ministres Anne Désirée Ouloto et Vagondo Diomandé, pour ne citer que ceux-là encore en fonction dans le gouvernement, n’ont pas été capables de faire basculer le grand ouest dont ils sont originaires, au RHDP.
Le poids politique de Mabri Toikeusse, un atout majeur
Malgré les grands moyens déployés et les gros investissements effectués dans la zone, l’ouest ivoirien reste encore hostile au président Ouattara. Et les derniers résultats des élections législatives de mars 2021 ont démontré que Mabri Toikeusse reste le leader de la région. Et ça, le président de la République l’a si bien compris, qu’en prélude au retour de l’UDPCI au RHDP, Alassane Ouattara a demandé aux cadres locaux du parti, de se rapprocher de Mabri Toikeusse afin de travailler au rayonnement du RHDP.
D’où la rencontre, le même jeudi 8 septembre 2022 à Abidjan, entre les secrétaires départementaux du RHDP du Tonkpi et le général Vagondo Diomandé pour préparer le retour de l’enfant prodige, Albert Mabri Toikeusse, au bercail.
« Si le président Ouattara demande au président Mabri et à l’UDPCI de revenir au RHDP, ce n’est pas par gentillesse. Si le président de la République pouvait démocratiquement arracher la région (l’ouest de la Côte d’Ivoire ) à son jeune frère, il n’allait pas lutter pour son retour. C’est cela la vérité implacable », lance, agacé, un cadre de l’UDPCI face aux railleries contre son leader.