Si l’Initiative pour le développement communautaire et la conservation de la forêt (IDEF) voulait nuire à l’image de marque de la compagnie Cargill, et saper les efforts entrepris ces dernières années par la Côte d’Ivoire en faveur d’une cacao-culture durable et traçable, elle ne s’y serait pas prise autrement.
Traçabilité du café-cacao ivoirien: L’ONG IDEF accusée de ternir l’image de la Côte d’Ivoire
En effet, dans un rapport qu’elle a récemment publié sur son site, IDEF a remis au goût du jour le vieux sujet du Mont Péko. Ce parc qui a fait l’objet d’une infiltration massive de clandestins qui y avaient créé des plantations de cacao durant les années de crise qu’a connue la Côte d’Ivoire avant d’être déguerpis en 2016.
Sept ans après que le parc est revenu totalement sous le contrôle de l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) qui a aussitôt mis en place un Comité de gestion locale (Cgl) du parc national du mont Péko, l’Initiative pour le développement communautaire et la conservation de la forêt (IDEF) a cru bon de servir du réchauffé en tentant de redonner du sens aux résidus d’un phénomène que l’Etat de Côte d’Ivoire a pris à bras le corps.
L’intention n’est sûrement pas bonne et le timing interroge avec acuité le but recherché par un tel rapport qui s’appuie non seulement sur des témoignages accusateurs de personnes anonymes comme dans un procédé où l’on prêche le faux pour avoir le vrai.
Pourquoi est-ce maintenant que surgit cette affaire ?
Pourquoi c’est au moment où la Côte d’Ivoire, à travers le Conseil du café-cacao, consacre tant d’efforts pour se conformer à la directive de l’Union européenne qui interdit désormais l’importation de plusieurs produits dont le cacao lorsqu’ils contribuent à la déforestation qu’un tel rapport surgit comme par enchantement.
On peut s’interroger à bon droit. Pourquoi est-ce maintenant que surgit cette affaire ? Faut-il rappeler qu’en harmonie avec ses obligations, la Côte d’Ivoire a entamé depuis 2019, le recensement des planteurs avec à la clé une carte du producteur dont elle est en phase d’implémentation du premier jalon du système de traçabilité unifié du café et du cacao.
Lequel système permet d’identifier à ce jour 933.031 producteurs dont les produits sont désormais traçables depuis le bord champ jusqu’à la destination finale. Cette opération a déjà concerné 3.222.800 hectares de la filière café-cacao. C’est une innovation qui vise à rendre traçable toute la production à terme.
En Côte d’Ivoire, il existe une production certifiée du cacao
Naturellement, une telle innovation en phase d’expérimentation est un processus. Le Mont Péko a été certes, à un moment, une zone colonisée. Mais depuis 7 ans, force est de reconnaitre la volonté du gouvernement à restaurer ce parc avec le déguerpissement des infiltrés et la destruction des plantations à l’intérieur.
Que quelques chétives plantations y soient encore en attente d’être détruites ne saurait être une raison pour jeter le doute sur toute la traçabilité de la production cacaoyère émanant de cette zone. D’autant plus qu’en matière de cacao, en l’état actuel, en Côte d’Ivoire, il existe une production certifiée du cacao et une autre dite ordinaire.
De fait, abordant la question de la commercialisation du cacao dans la zone périphérique du parc, le rapport laisse croire, en ce qui concerne Cargill, une compagnie à cheval sur les normes de la durabilité, qu’il y aurait un risque d’approvisionnement illégal en cacao.
Le rapport n’apporte aucune preuve concrète
A cette accusation, le rapport n’apporte aucune preuve concrète à part de douteux témoignages attribués à trois coopératives dont il a été pris soin de garder les dénominations anonymes.
‘’Les 3 coopératives identifiées dans le cadre de cette mission d’observation sont toutes les 3 certifiées Rainforest Alliance et affiliées à la compagnie Cargill dont elles sont le fournisseur (…) les coopératives dont les magasins sont situés dans les localités à proximité du parc achètent le cacao quelle que soit la provenance. La distinction se fait après l’achat.
Selon qu’il s’agisse de cacao issu d’une plantation engagée dans un projet de certification, le cacao est stocké dans le côté cacao certifié et lorsqu’il provient d’une plantation non engagée dans le projet (certification), le cacao est stocké dans la partie cacao ordinaire’’, reconnait le rapport qui conclut sur ce point précis : ‘’qu’il y a un risque pour que le cacao du parc se retrouve dans l’approvisionnement de Cargill’’.
C’est un peu comme si l’on disait qu’un patient pouvait être atteint à l’hôpital d’une maladie nosocomiale. La réponse de l’entreprise qui achète en Côte d’Ivoire le plus gros volume de cacao à cette insinuation a été pourtant claire :
Le risque zéro n’existe nulle part au monde
‘’les producteurs enrôlés dans le cadre des projets de durabilité disposent d’un identifiant unique permettant d’assurer le suivi des activités de formation et de commercialisation du producteur. Les plantations sont géo localisées pour s’assurer de leur localisation dans des zones autorisées pour la cacao-culture ou identifier les risques liés à la déforestation’’.
Mieux, Cargill précise que : ‘’les sacs de cacao sont étiquetés individuellement avec un code-barres et suivis physiquement via notre système jusqu’aux fermes individuelles. Chaque coopérative reçoit un lot de scellés (étiquette contenant le code barre). Le nombre de scellés mis à la disposition de la coopérative est fixé en tenant compte de l’estimation du volume de cacao certifié à livrer à Cargill sur une période déterminée’’.
A l’évidence, le risque zéro n’existe nulle part au monde, mais présenter, dans un rapport, cette éventualité comme un épouvantail sur le cacao ivoirien au moment où l’Etat et les exportateurs font des mains et des pieds pour se conformer aux normes de traçabilité et de durabilité, cache des intentions inavouées. Et il faut bien le dénoncer.
Source : Le Rassemblement