Mahapleu- À la base, le projet de filets sociaux productifs consiste principalement à octroyer des transferts monétaires directs de l’ordre de 144 000 F CFA l’année, au profit de ménages pauvres sur l’étendue du territoire.
Mahapleu : Grincements de dents autour du projet filets sociaux
Démarré en 2015, le projet a permis de soutenir 127 000 ménages en 2019, répartis dans 21 régions et 1 547 villages. L’information est du ministère de la Solidarité et de la lutte contre la pauvreté.
Financé essentiellement par la banque mondiale, le programme des filets sociaux a atteint dans le Tonkpi sa vitesse de croisière.
Nonobstant ces résultats fort encourageants, les bénéficiaires dans la sous-préfecture de Mahapleu, à 23 kilomètres de Danané, continuent de dénoncer un ensemble de faits mettant à mal l’image de la structure étatique appelée à lutter contre la pauvreté chez les ménages à très faibles revenus.
Que se passe-t-il à Mahapleu ?
Le Programme Filets Sociaux Productifs (PFSP) est une initiative du gouvernement ivoirien qui a bénéficié en 2015 d’un appui technique et financier initial de la Banque Mondiale.
Visant l’amélioration du niveau de vie des plus pauvres, le PFSP consiste en l’octroi, sur trois (03) ans, d’allocations trimestrielles non remboursables d’un montant de 36 000 F CFA (soit 144 000 F CFA par an).
Le mécanisme de paiement utilisé est le paiement électronique au moyen des téléphones portables offerts aux ménages vulnérables concernés.
Le PFSP est rentré en vigueur en août 2015. Pendant 4 jours, les populations du village Kangui à quelques longueurs de la ville de Mahapleu disent avoir reçu la visite des enquêteurs du PFSP.
Une délégation de quatre personnes conduites par Mr Bohui. Au terme de l’investigation, 204 ménages sont recensés sans distinction aucune.
Juste après la délibération, les mécontentements fusent de partout. Mademoiselle Carine O. de Kangui dénonce un manque de clarté dans la liste définitive des 53 ménages retenues.
« Ils nous ont fait payer 500 F cfa par personne et finalement personne n’a été pris dans notre grande famille», critique-t-elle, peinée.
Gbleu Christophe, président des jeunes de Kangui dit le contraire. « Bien avant l’arrivée de nos étrangers enquêteurs, nous avons très vite mis une organisation sur pied. Le village a décidé d’une cotisation de 500F par ménage pour faire à manger à nos étrangers. Ceux qui se plaignent sont malheureusement ceux-là qui n’ont pas été retenus», a-t-il confié.
Avant de poursuivre : « je dénonce seulement que la liste définitive n’ait été soumise à la signature des responsables du village que nous sommes. »
Pour T. Jean-Baptiste, bénéficiaire retenu par le PFSP la part belle à été faite aux allogènes Lobis et Baoulés.
La réaction des enquêteurs du PFSP
Monsieur Bohui, chef d’équipe de 4 personnes, affirme que l’enquête a été rondement menée avec professionnalisme et transparence.
« Avant d’être enquêteurs ou mandatés par l’unité de gestion de ce projet, nous sommes des fonctionnaires. A ce titre nous disposons de moyens pour notre mission. L’équipe avait pour mission de couvrir sept villages dont Kangui et Kpangouiné. En notre qualité d’étrangers dans ces villages, nous reconnaissons avoir été bien reçus par les populations.
Mais à aucun cas, nous ne leur avons demandé quelque chose. Le village a son organisation interne qui n’est pas nôtre. Avant le début de l’enquête, nous expliquons le mode opératoire à tous. Des guides nous sont donnés par les responsables du village à qui nous présentons plus tard le travail fini.
Cette dernière phase nécessite ce que nous appelons la validation communautaire», a-t-il indiqué avant de préciser :
« La liste des bénéficiaires ne vient pas de l’équipe qui fait l’enquête. Elle vient de Yamoussoukro. La validation communautaire est faite sur une place publique pour éviter, justement, toute forme de suspicion.
Devant tout le monde, nous faisons la lecture nom par nom des personnes retenues. Lorsque la population trouve à dire sur un individu soit parce qu’il n’est pas du village ou qu’il se met en marge des actions de développement du village, c’est à cette population de décider du retrait de son nom.
Les mêmes observations sont transmises à la hiérarchie qui décide. Quand nous finissons, la liste des bénéficiaires est donc entérinée par le chef du village qui appose sa signature sur le procès-verbal. De tous les 7 Procès-verbaux reçus, jamais les chefs de village n’ont fait une quelconque observation tentant à discréditer notre travail.
A Kangui, la femme du chef du village qui a préparé pour nous pendant ces 4 jours ne fait pas partie des bénéficiaires du projet. C’est la preuve de la clarté de l’enquête. A Kangui, les autochtones yacoubas sont les plus bénéficiaires. Sur la cinquantaine de bénéficiaires retenus, seuls 5 allogènes ont été retenus.
Pour dire qu’on a travaillé dans un esprit de clarté et de transparence. A Kpangouiné, j’ai même fait arrêter l’enquête lorsque j’ai appris des levées de fonds ça et là.
J’ai sommé les parents de rembourser les gens tout en mettant l’accent sur le fait que rien ne les contraint à nous faire un repas. Ceux qui pensent avoir été rançonnés ou grugés doivent chercher leurs bourreaux ailleurs qu’en nos seins ».
Une correspondance de
Sony WAGONDA