Alors que les cours internationaux du cacao sont en hausse, le gouvernement ivoirien a cependant maintenu le prix bord champ à 700 FCFA le kilogramme pour cette campagne intermédiaire qui démarre ce 1er avril. Loin d’être un poisson d’avril, les paysans devront encore patienter quant à la revalorisation du fruit de leur labeur.
Le prix du cacao maintenu à 700 FCFA
Le poumon de l’économie ivoirienne souffre d’un véritable marasme. En effet, la filière cacao connait de réelles difficultés ces dernières années. Depuis la chute des cours internationaux de ces fèves, les acteurs de la filière sont au bord de la crise de nerfs.
Après avoir supporté, tant bien que mal, la réduction du prix bord champ de leurs produits lors de première campagne 2017-2018 qui a démarré le 1er octobre dernier, les producteurs avaient pris leur mal en patience, espérant que le gouvernement ivoirien se pencherait au plus tôt sur leur situation.
Que nenni! A l’issue du Conseil des ministres hebdomadaire tenu ce jeudi 29 mars, le prix de la fève chocolatée n’a nullement varié, à savoir 700 FCFA le kilogramme, pour cette seconde campagne qui s’étend du 1er avril au 31 septembre 2018
Et cette décision semble être passée comme lettre à la poste. Ainsi que le confirme, sous couvert d’anonymat, un ministre ayant pris part à cette réunion gouvernementale : « Il n’y a pas eu de débat au conseil des ministres lors de la proposition du prix bord champ, contrairement aux autres fois. Le conseil a approuvé le prix et on est passé à d’autres sujets. »
Cette stagnation du prix d’achat du cacao en Côte d’Ivoire risque d’accroitre la fuite des produits vers le Ghana voisin, où les prix sont nettement meilleurs.
Première producteur mondial de cacao avec 2,015 millions de tonnes sur la campagne 2016-2017, le pays d’Houphouët-Boigny connait quelques difficultés pour garantir une stabilité du prix aux producteurs.
En dépit des grognes incessantes des paysans et de la nomination d’Yves Brahima Koné en qualité de Directeur général du Conseil du café cacao (CCC) en remplacement de Mme Massandjé Litsé-Touré, accusée de mauvaise gestion, les signaux peinent à repasser au vert. Et pourtant, la hausse actuelle des cours sur le marché international devrait permettre au gouvernement de rétribuer à juste titre les planteurs pour leurs efforts permanents.
Lors du 55e Salon international de l’agriculture de Paris (SIA 2018), le ministre ivoirien de l’Agriculture et du Développement rural, Mamadou Sangafowa Coulibaly, avait fait la révélation du tort qui était fait aux producteurs : « L’économie cacaoyère mondiale génère 100 milliards de dollars US par an sur toute la chaîne des valeurs. Cependant, les pays producteurs ne tirent que 6% de cette somme. Et les producteurs touchent à peine 2%. »