Le parquet, soutenu par des avocats des parties civiles, a menacé lundi à Ouagadougou de requérir l’arrestation des deux premiers témoins au procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, pour faux témoignages à la barre.
Au Burkina, des avocats projettent d’enfermer des témoins pour « faux témoignages »
L’audience s’est ouverte avec la comparution des deux premiers témoins du procès, le présumé ex-agent de renseignements Bénédicte Biila et Alidou Sawadogo, un proche du général Djibril Bassolé (l’un des principaux accusés), tous des ex-inculpés dans l’affaire.
Evoquant des conditions de détentions « difficiles », M. Biila est revenu à maintes reprises sur ses premières déclarations en instruction, quand M. Sawadogo a eu pour sa part des échanges houleux avec les parties civiles notamment, après des refus de répondre à plusieurs questions qu’il n’a pas jugé pertinentes.
Rappelant « l’obligation » des témoins de répondre aux questions, Maîtres Guy Hervé Kan et Séraphin Somé ont dénoncé leur « attitude » à la barre et demandé au juge Seydu Ouédraogo de mettre en application l’article 120 du code de justice militaire, qui stipule que : « lorsque la déclaration d’un témoin parait fausse, le Président peut, sur réquisition du commissaire du Gouvernement ou d’office faire procéder à son arrestation sur le champ. Le greffier en dresse procès-verbal adressé au Procureur du Faso du ressort du tribunal militaire ».
« Si ça continue comme ça, nous allons faire usage de l’article 120″, a menacé le procureur lors du passage d’Alidou Sawadogo », réclamant un « minimum de courtoisie » dans les échanges, qui devenaient tendus entre l’accusé et les avocats.
Le président du tribunal a estimé qu’il était « trop tôt pour parler de fausseté de témoignages ».
Ce sont 84 personnes, dont huit en fuite, qui sont poursuivies essentiellement pour « attentat à la sûreté de l’Etat« , lors du putsch manqué de septembre 2015.