L’école primaire publique de Trogui, dans la jeune sous-préfecture de ZONNEU (département de Danané) connait une mauvaise fortune depuis deux semaines. Une affaire de clocher au sein du foyer de Bamba M., directeur de l’EPP TROGUI, a, malheureusement, été le facteur déclenchant d’une fermeture précoce de l’école primaire publique.
Danané: Pour des faits banals, l’IEP de Mahapleu ferme l’école primaire publique de Trogui; le sous-préfet indigné, demande la réouverture de l’école
L’Inspecteur de l’enseignement primaire (IEP) de MAHAPLEU, TUO K. Drissa, doit regretter sa décision de fermeture de l’EPP TROGUI, ouverte depuis 2013 avec un effectif actuel de 157 élèves. « Depuis 2016 qu’il a été muté chez nous à TROGUI, le directeur Bamba M. a toujours bénéficié des largesses de la population. Stagiaire, il a pris notre fille K.C comme épouse il y a 5 ans. Sa belle famille et Mlle K.C lui ont permis d’accéder paisiblement au statut d’enseignant titulaire. Le village y est pour beaucoup dans l’intégration de nos enseignants. Nous avions même payé les 300.000 F CFA de frais de titularisation pour les 3 enseignants à Mr l’inspecteur. Mais depuis que Bamba a récemment rencontré une autre fille, Ange, ses rapports d’avec Mlle K.C se sont vite dégradées. Le 28 Décembre 2021, il l’a battue jusqu’au coma. Lui-même est venu me supplier de parler à la famille, très remontée contre lui. Des amis enseignants et sa communauté musulmane basée à Fiempleu se sont invités dans le règlement de l’affaire. Mr Bamba avait une réserve : que Mlle K.C retourne en famille. Après la fête de fin d’année, l’atmosphère étant toujours tendue, Mlle K.C a souhaité aller prendre des affaires. Le Mercredi 19 janvier 2022, elle se pointe de nuit chez Bamba. Ses affaires se retrouvent au magasin et non dans la chambre conjugale. La nouvelle occupante des lieux surgit. Une bagarre éclate entre les deux dames. Mr Bamba vient au secours de sa nouvelle compagne. Les pleurs de Mlle K.C alertent ses sœurs à côté. Mr Bamba est copieusement battu par la cohorte de sœurs. La même nuit, il court me prévenir avoir été agressé par des jeunes gens armés. Il dit avoir appelé son IEP», explique Mr ZROH Gomé Alexis, président des jeunes de TROGUI.
Avant de poursuivre, déçu : « Le lendemain 20 Janvier, un conseiller pédagogique nous est venu de MAHAPLEU. Avec le chef du village, TANH Oulaï Antoine, il a fait l’état des lieux et lui-même a conclu que l’affaire était mineure.» Pourtant, la visite du conseiller pédagogique n’arrangera rien. Le 21 Janvier, au petit matin, les villageois constateront le départ des 3 enseignants de TROGUI. Une délégation se rendra par la suite à l’inspection primaire publique de MAHAPLEU. « Une fois là-bas, l’inspecteur TUO nous a fait savoir avoir fermé l’école pour préserver l’intégrité physique de ses enseignants. Le directeur battu, a présenté des images qui ont suffi par convaincre de son insécurité. Nous déplorons le fait de n’avoir pas été écoutés pour avoir notre version des faits. Ils ont fermé notre école et mis nos enfants à la rue», dénonce GONTO Richard, adjoint au chef du village.
« Mr Bamba, vous avez failli dans votre mission d’éducateur ! »
Devant l’ampleur de l’affaire, nous nous rendons à ladite inspection. Les services à l’accueil nous renvoient à la Direction Départementale de l’Education nationale (DDENA) de Danané le Mercredi 2 Février 2022 où, sous la direction du premier responsable de l’éducation du département et en présence du sous-préfet de ZONNEU, les représentants du député KEGBAN et celui des cadres (Dr Léan, directeur de l’hôpital de Danané) et une centaine d’enseignants et conseillers pédagogiques ; une importante réunion a lieu. Ce Mercredi 2 Février, le patron de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (DDENA) de Danané n’est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer en des mots habilement choisis, la célérité avec laquelle l’inspecteur a pris des décisions sans aviser sa hiérarchie. A l’endroit du directeur mis en cause, il conclura :
« Mr Bamba, vous avez failli dans votre mission d’éducateur ! », avant de prodiguer de sages conseils aux enseignants venus massivement soutenir le collègue battu par des femmes. Pour le Commandant AKÉ Simon, sous-préfet de ZONNEU, qui met cet état de fait sur le compte de faits puérils entre l’enseignant et une partie de la population, la situation ne peut pas demeurer ainsi car s’agissant de l’avenir d’enfants innocents qui ont droit à l’éducation.
« Nous avons convenu que l’EPP TROGUI rouvre le plus tôt possible pour le bonheur de nos populations. Les enseignants mutés reviendront prendre service d’ici le vendredi 4 Février dès la première heure. Quant au directeur Bamba M., il ne reviendra plus si ce n’est que pour régler son différend avec Mlle K.C. Nous déplorons tout ce que j’appelle une suspension et non une fermeture d’école», dira-t-il. Les jours à venir nous situeront quant au retour effectif des enseignants partis sur la pointe des pieds de TROGUI et à l’effectivité de la reprise des cours à l’école primaire publique de ce village de la sous-préfecture de ZONNEU.
Une correspondance particulière de Sony WAGONDA