Partir du Mali “ne serait pas la bonne décision”, estime l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin alors que Bamako accuse Paris d’avoir volontairement cherché à diviser le pays à travers son engagement militaire.
Mali : Dominique De Villepin, ex-Premier Ministre français, se prononce
Choguel Kokalla Maïga, chef du gouvernement installé par la junte arrivée au pouvoir au Mali à la faveur de deux coups d’Etat successifs en août 2020 et juin 2021, s’en est pris à la France, lundi devant les diplomates réunis à sa demande à la Primature, sans aller jusqu’à demander explicitement le retrait de la force antijihadiste Barkhane conduite par Paris. Pas question de quitter le Sahel encore moins le Mali, rétorque Dominique De Villepin, invité ce mercredi 9 février sur France Inter. Pour l’ancien chef de gouvernement et de la diplomatie, la France doit prendre ses responsabilités.
Même s’il déplore que “la situation se dégrade”, Dominique de Villepin, l’ancien Ministre des Affaires étrangères sous Jacques Chirac, souligne qu’il “faut en tirer les leçons mais partir ne serait pas la bonne décision dans la mesure où cela serait clairement un signal de victoire des islamistes sur le terrain”, a-t-il confié. “Notre capacité à réduire l’insécurité n’est pas au rendez-vous” au Mali, a-t-il poursuivi. Et d’inviter la France à “changer de posture militaire, politique et économique”, après l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali.
Les autorités maliennes accusent la France, ex-puissance coloniale, d’avoir instrumentalisé la Cédéao. L’objectif est « de nous présenter comme un paria, avec l’objectif inavoué et inavouable à court terme d’asphyxier l’économie afin d’aboutir pour le compte de qui l’on sait et par procuration à la déstabilisation et au renversement des institutions de la transition », a dit M. Maïga. Les dirigeants français « n’ont jamais dit à leur opinion publique, quand ils intervenaient en 2013, qu’ils allaient diviser le Mali », a-t-il dit.
« On ne peut pas nous vassaliser, on ne peut pas transformer le pays en esclave ; ça, c’est terminé », a-t-il poursuivi en référence à la colonisation. M. Maïga s’est aussi attaqué à Takuba, groupement européen de forces spéciales, initié par la France et destiné à accompagner les soldats maliens au combat face aux jihadistes. Takuba, « c’est pour diviser le Mali. C’est ‘le sabre’, en (langue) songhaï et en tamasheq, ça n’est pas un nom qui a été pris par hasard », a-t-il dit.