En Côte d’Ivoire, les avis restent profondément divisés autour de la réforme annoncée de la constitution ivoirienne. Laquelle réforme devrait réintroduire la limitation de l’âge à la présidence de la République
Côte d’Ivoire : Le projet de révision constitutionnelle divise la classe politique
L’idée d’un renouvellement générationnel à travers une réforme constitutionnelle qui ramènerait à 75 ans, l’âge limite de candidature à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, refait surface.
La Constitution ainsi révisée éliminerait de facto, les présidents Alassane Ouattara (78 ans), Laurent Gbagbo (76 ans) et Henri Konan Bédié (86 ans), considérés comme la vieille garde de la classe politique ivoirienne.
Certains acteurs politiques voient d’un mauvais œil, cette future disposition constitutionnelle. C’est le cas de Damana Pickass, l’un des inconditionnels de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo. «C’est antidémocratique et c’est un argument politique », croit-il.
Pour cet ancien exilé politique, « aucun citoyen, fut-il le Président de la République, ne peut décréter le changement de génération». « C’est le peuple souverain qui peut décréter le changement de génération à travers le vote qu’il porte devant tous les candidats. Il ne faut pas donner l’impression que dans ce pays, il y a une guerre de génération. Et, on n’a empêché aucun jeune de se présenter aux élections présidentielles », insiste Damana Pickass.
« Nous attendons que cette mesure soit déposée sur la table du parlement »
Du côté du Front populaire ivoirien (FPI), parti de Pascal Affi N’guessan, réintroduire ou non la limitation de l’âge à la présidence de la République est un « non-évènement ». Évoquant le sujet, Lia Gnan Ferdinand, premier responsable de la jeunesse de l’ancien parti au pouvoir, rappelle que son parti était formellement opposé en 2016 à la révision constitutionnelle qui a, en son temps, fait voler le verrou de l’âge, au bénéfice des deux alliés Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.
« Nous avions déjà appelé à voter contre cette constitution que nous avons considérée comme inique et malveillante, taillée à la dimension de Ouattara et de Bedie ! En 2016 nous avons boycotté son vote », rappelle le jeune leader. Précisant que le FPI, son parti, n’a pas à être d’accord ou pas avec l’idée de cette révision annoncée de la loi fondamentale ivoirienne. « Nous n’avons pas à être d’accord ou pas. Quand tu as refusé la paternité d’un enfant, tu ne peux pas t’opposer à ce qu’on change son nom ! », a-t-il fait savoir.
« Ceux qui s’opposent à l’avènement d’une nouvelle génération, mènent un combat d’arrière-garde »
La semaine dernière, Jean Louis Billon, cadre du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), s’était prononcé en faveur d’un renouvellement générationnel, sans toutefois évoquer l’éventualité d’une révision constitutionnelle.
L’homme d’affaires reste en effet convaincu que ceux qui s’oppose à l’avènement d’une nouvelle génération, au soir de la présidentielle d’octobre 2025, mènent un combat déjà perdu d’avance.
« On ne doit pas avoir peur de dire la vérité parce que combattre le rajeunissement, combattre la nouvelle génération, c’est un combat perdu d’avance », dit-il.
« Il faut plutôt avoir peur de se faire avaler par une vague de jeunes mécontents, pour la non prise en compte de leurs aspirations. C’est une vaste question dont le développement requiert beaucoup de temps. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que tout est en train de se mettre en place en vue de l’élection de 2025».
Le projet en question de révision constitutionnelle devrait être déposé sur la table des parlementaires ivoiriens probablement en avril 2022.